Bonté divine ! Affiche de la pièce. [DR]

Suite à une rencontre interreligieuse, un prêtre catholique, un rabbin, un imam et un moine bouddhiste se retrouvent mystérieusement enfermés dans une pièce. L’occasion, pour eux, de comparer, mettre en commun et tester leur croyance, non sans humour.

La scène se passe à la fin d’un colloque religieux. Assis côte à côte, les quatre représentants des communautés catholique, juive, musulmane et bouddhiste répondent à une voix off qui représente un public virtuel, La pertinence des thèmes abordés dans les questions donne le ton: l’argent de l’Église, le célibat imposé aux prêtres, la notion de guerre sainte dans l’islam... L’occasion de rappeler que le mot djihad (guerre sainte) est d’abord « la lutte spi- rituelle intérieure contre l’infidèle qui est en soi » et, pour certains, d’apprendre que saint Pierre était marié, comme la plupart des prêtres au cours du premier millénaire du christianisme. Le prêtre remercie le public virtuel de sa patience « angélique ». Fin du premier acte.

Lorsque le rideau se lève de nouveau, nous retrouvons nos quatre représentants dans un salon. En attendant le dîner, la discussion porte sur le livre qu’ils doivent écrire en commun et destiné aux jeunes. Il s’agit de leur « donner l’envie de s’intéresser aux religions ». Pas facile, selon l’imam, qui déplore que ses garçons « croient surtout aux trois F: les filles, le fric, la frime » et ses filles, « aux trois M: les mecs, les mar- ques et la mode ».

Après avoir évoqué le dîner alléchant qui leur sera servi, ces hommes de foi s’aperçoivent qu’ils sont enfermés dans la pièce. Au lieu de se délecter d’une poularde, prévue « casher » pour le rabbin et « halal » pour l’imam, ils n’ont plus que des hosties, non consacrées, bien sûr, à se mettre sous la dent! Le prêtre a tendu ce piège. Un prêtre qui ne croit plus en Dieu et qui, pour retrouver la foi, a décidé de demander de l’aide à trois autres croyants qui ont consacré leur vie à Dieu.., ou à l’absolu (le bonze), C’est l’occasion de tester la foi de chacun. Pour l’impassible moine bouddhiste (Theravada) ce doute est pourtant « le commencement de la sagesse». Mais plus vraiment au moment où le prêtre les met face au défi. Puisque la « vraie vie » est celle de l’au-delà, du paradis, ou du nirvana, l’un d’eux doit prouver qu’il n’a pas peur de mourir.

A la fin de la pièce, le public découvre ce qui va empêcher l’inéluctable et permettre au prêtre de retrouver sa foi : quelque chose de commun à tous les êtres humains, que l’on soit religieux ou pas. Les auteurs de cette pièce, Frédéric Lenoir, rédacteur en chef du Monde des religions, et Louis-Michel Colla, auteur pour le théâtre, ont mis en commun leurs connaissances respectives des religions et du théâtre. Un duo qui fonctionne plutôt bien.

... J’espère que, à travers cette pièce, on contribue à ce qu’on pourrait appeler la quatrième période de l’humanité. Après la période du pouvoir à laquelle on associe la civilisation gréco-romaine, celle du savoir qui s’épanouit à la Renaissance, puis de l’avoir à partir de la révolution industrielle et dans laquelle nous sommes encore, s’ébauche maintenant celle qui ne peut être que la dernière, la période de l’être.
Extrait de l’interview de Roland Giraud dans Le Monde des religions, mars-avril 2009.

3e Civ' n°572, avril 2009, p.33.

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