[photo : ©judepics]

Nos vies s’appuient sur le travail, la considération et les efforts d'innombrables personnes, sans que l’on en soit toujours conscients.

Ce réseau invisible d’interrelations est à la base de tout ce qui soutient et améliore notre existence : des aliments que nous mangeons aux produits et aux services que nous utilisons tous les jours. La “gratitude” n’est autre que la reconnaissance joyeuse de ce fait.

La reconnaissance comme pratique spirituelle

Bien que le sentiment de reconnaissance puisse sembler ordinaire, c’est dans les périodes de difficultés qu’il devient une forme de pratique spirituelle. Dans ces moments, cultiver consciemment de la gratitude pour toutes les choses positives que nous rencontrons, même minimes, nous aide à conserver un état d’esprit positif et ainsi surmonter l'adversité.

En effet, les sentiments d’appréciation et de reconnaissance permettent de développer une vision optimiste et positive des choses, et s’accompagnent de l’amélioration de notre état de vie. Plus notre sens de la gratitude s’approfondit, plus notre capacité à être positif s’accroît – au point où nous pouvons ressentir de la joie même au milieu des difficultés. La gratitude est véritablement la clé pour nous libérer de la négativité et déverrouiller les impasses que nous rencontrons. Elle est, en soi, l’expression de l’état de vie de la bouddhéité.

Ainsi Nichiren Daishonin affirmait qu'il ressentait une profonde gratitude envers Hei no Saemon-no-jo, le responsable du gouvernement qui l'avait persécuté et tenté de le faire assassiner. Car c’est précisément au travers de ces persécutions que Nichiren a pu mettre sa détermination à l’épreuve, et faire la démonstration de la force de la Loi de Nam-myoho-renge-kyo.

Pour moi, Nichiren, mes meilleurs alliés pour atteindre la bouddhéité sont Kagenobu, les moines Ryôkan, Dôryû et Dôamidabutsu, Hei no Saemon et le seigneur de Sagami. Je suis reconnaissant quand je pense que, sans eux, je n’aurais pas pu prouver que j’étais le pratiquant du Sûtra du Lotus.
Nichiren, Les actions du pratiquant du Sûtra du Lotus, Ecrits, 777.

En outre, les lettres de Nichiren à ses disciples s’ouvrent presque toujours par des remerciements sincères pour leurs offrandes et leur soutien. Citant divers exemples tirés de l’Histoire, Nichiren écrit que la gratitude est un élément essentiel de notre humanité. Daisaku Ikeda la décrit comme l'essence même du bouddhisme. Telle est l’importance accordée à ce principe dans l’enseignement bouddhique.

Par opposition, on peut dire de l'ingratitude qu’elle découle de l'illusion arrogante que toutes choses nous sont dues, et que nous ne devons rien aux autres ni à notre environnement. Perdre de vue la réalité de l’interdépendance nous rend sujet à l’égoïsme et son lot de pulsions destructrices, telles l'envie, la jalousie et la cupidité.

Les trois figures de souverain, maître et parent

Plus spécifiquement, Nichiren décrit trois catégories de personnes dont notre vie dépend et à qui nous devrions par conséquent exprimer notre reconnaissance. Ce sont, dans la langue de son temps, le souverain, le maître et le parent.

  • Le souverain a pour rôle de protéger les habitants du pays. Dans le contexte contemporain, la figure du souverain peut être comprise comme la société dans son ensemble.
  • Le maître a pour rôle de guider les êtres humains. Cela désigne spécifiquement le maître dans la pratique et la foi bouddhiques. Cependant, dans un sens plus large, cette figure fait référence au rôle indispensable de l'éducation, ainsi qu’à tous ceux qui contribuent au développement de notre caractère par leur influence positive.
  • La figure de parent fait référence à la capacité de soutenir la vie. La gratitude envers nos parents repose ainsi sur le fait élémentaire que, grâce à eux, nous avons pu voir le jour et grandir.

Le souverain, le maître et le parent ont ainsi pour fonction respective de protéger, de guider et de soutenir la vie. Ces figures sont regroupées sous l’expression “les trois vertus”, considérées comme les attributs caractéristiques d’un bouddha. Elles peuvent être comprises comme des fonctions de la nature fondamentalement bienveillante de l'univers, le mouvement vital qui pousse chaque être à progresser vers l'expression de son plein potentiel.

Cultiver la reconnaissance, à commencer par ces trois figures, nous relie à ce mouvement universel de la vie. Honorer ce sentiment et agir en conséquence est ce que signifie « s’acquitter de sa dette de reconnaissance » et c’est le cœur même de la pratique du bouddhisme de Nichiren. « Que puis-je faire en retour pour ceux qui m’ont protégé, guidé et soutenu ? Comment puis-je protéger, guider et soutenir à mon tour ceux qui m'entourent ? » La paix et la transformation de la société commencent par l’exercice de cet état d’esprit dans notre environnement.

Dans les textes bouddhiques, l’expression “s’acquitter de ses dettes de reconnaissance” (sanskrit: krita-jna, jap.: ho’on) signifie littéralement : “reconnaître ce que les autres ont fait pour nous”. Daisaku Ikeda nous livre ce commentaire : « Nous n’aurions jamais pu être la personne que nous sommes sans l’aide et le soutien de beaucoup d’autres. Reconnaître profondément cela et, à notre tour, faire des efforts pour les autres, motivé par un profond sentiment de gratitude pour toute l’aide que nous avons reçue – tel est le sens originel de “reconnaître ce que les autres ont fait pour nous” et de nous acquitter de notre dette de reconnaissance. Le Sûtra du Lotus, qui enseigne l’atteinte de la bouddhéité universelle, définit la forme ultime de l’acquittement de la dette de reconnaissance comme l’acquittement de notre dette envers tous les êtres vivants. Autrement dit, cela représente la pratique de la bienveillance, la pratique de kosen rufu1. »2

Adapté de l’article Gratitude sur le site de la SGI.


Notes

  • 1. Kosen rufu : assurer un bonheur et une paix durables à l’humanité, fondés sur les valeurs humanistes du bouddhisme de Nichiren. Expression que l’on trouve dans le 23e chapitre du Sûtra du Lotus. En savoir plus : Kosen rufu, la paix mondiale
  • 2. Daisaku Ikeda, Le Monde des Écrits de Nichiren, vol. 3, Acep, p. 155.
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