Intelligence artificielle, réalité virtuelle, métavers… Le développement des technologies de l’information et de la communication (TIC) soulève actuellement des questions sociétales, politiques, philosophiques et éthiques. Que nous apporte la philosophie bouddhique, dans un monde où prévalent les nouvelles technologies ? Support pour les forums du mois de novembre 2023.

Extrait 1. Cultiver l'esprit d'apprendre

Nous vivons à l’ère des technologies de l’information, une époque où, si l’on cesse de s’instruire tout au long de sa vie, on sera très vite laissé à la traîne. Les dirigeants de demain doivent donc continuer d’apprendre constamment. Les impasses dans lesquelles se retrouve la société d’aujourd’hui sont celles de ses dirigeants, et une des principales raisons se trouve dans le fait qu’ils ont arrêté d’apprendre. Ils ont perdu l’énergie et l’ouverture d’esprit qui permettent de rester à l’écoute de l’opinion et des idées nouvelles des jeunes générations, pour en extraire les plus pertinentes et les mettre en pratique.
Dialogues avec la jeunesse, tome 1, Acep, p. 20.

Extrait 2. Développer le regard du poète

Les sciences et les technologies ont donné à l’humanité un pouvoir qu’elle n’aurait jamais pu imaginer, en lui procurant des bienfaits inestimables en termes de niveau de vie et de santé. Mais une autre tendance s’est dessinée en parallèle. Nous nous éloignons de ce qui nous entoure, nous rapportons tout et réduisons tout à l’état de chiffres et d’objets. Les êtres humains eux-mêmes sont traités comme de simples objets. Les victimes de la guerre sont présentées sous forme de données statistiques ; nous sommes devenus insensibles à la réalité individuelle des souffrances et des peines indescriptibles des autres.
À l’inverse, le regard du poète découvre en chacun une humanité unique et irremplaçable. Tandis que, dans son arrogance, l’intellect cherche à contrôler et à manipuler le monde, l’esprit poétique s’incline avec respect devant ses mystères.
(D. Ikeda, La Sagesse pour créer le bonheur et la paix, vol. 3, partie 2, Acep, p. 197.)

Extrait 3. Cultiver la créativité

— A. Toynbee : La technologie d’aujourd’hui a encore progressé, de la machine scientifiquement contrôlée jusqu’à l’automation. Cela est prometteur ou menaçant et va fournir à chacun le temps libre qui, jusqu’ici, n’était le privilège que d’une minorité.

— D. Ikeda : Dans un avenir peut-être plus proche qu’on ne l’imaginerait, toute la production pourrait être automatisée et être l’œuvre d’ordinateurs et de robots. Le travail humain sera toujours nécessaire, pour établir à la base les plans de production, mais une élite spéciale accomplira ces tâches. La majorité des gens, libérée du travail, devra se pencher sérieusement sur la façon de passer son temps. En d’autres termes, le temps libre deviendra un problème. Dans ces circonstances, les artistes, les écrivains et d’autres, qui sont heureux de mettre à profit leurs talents créatifs, ne risquent pas de s’ennuyer s’ils disposent de plus de temps libre, ils sauront l’utiliser à bon escient. Les gens dont les talents créatifs sont moins développés seront peut-être, pour leur part, forcés d’avoir recours à des distractions moins intéressantes pour utiliser ce temps libre supplémentaire que leur vaudra un temps de travail réduit.
Je considère l’homme comme un animal créatif par essence, en fait, un être qui ne peut vivre sans connaître la joie que donne la création. Pour moi, la solution au problème du temps libre est de trouver des moyens de cultiver et développer les talents créatifs des gens.
(D. Ikeda et A. Toynbee, Choisis la vie, Acep, p. 140.)