Pour la seconde quinzaine de novembre, nous proposons de fonder l’étude bouddhique sur un extrait des Écrits de Nichiren où il aborde la notion de respect à travers l’état d’esprit et l’attitude du bodhisattva Jamais-Méprisant.

Extrait étudié

Au coeur des enseignements dispensés par le Bouddha de son vivant, se trouve le Sûtra du Lotus, et le coeur de la pratique du Sûtra du Lotus réside dans le chapitre “Le bodhisattva Jamais-Méprisant”.
Nichiren, Les trois sortes de trésors - Écrits, 859.

Extraits des commentaires de Daisaku Ikeda

Extrait 1. Notre bonheur n’existe pas en dehors de celui des autres. Le fondement de l’action bouddhique est l’esprit de compassion. La compassion est composée de deux aspects : éliminer la souffrance et apporter le réconfort. Elle cherche à dissiper les craintes et les peurs, et à insuffler la joie, la sécurité et l’espoir. En tant que bouddhiste – en fait, en tant qu’être humain –, entreprendre d’agir pour le bonheur des autres est tout simplement naturel. Mais, parfois, les choses les plus simples peuvent être les plus difficiles. L’enseignement bouddhique essentiel est simple : chérir chaque personne. Un bouddha est celui qui lutte et agit infatigablement pour le bonheur de chacun.

En bouddhisme, ceux dont les actions sont fondées sur l’esprit d’apporter des bienfaits aux autres, c’est-à-dire sur l’altruisme, sont appelés bodhisattvas. De nombreux bodhisattvas apparaissent dans les textes bouddhiques – parmi les plus connus, citons Manjusri, Sagesse-Universelle, Maitreya, Sensible-aux-Sons-du-Monde et Roi-de-la-Médecine, pour n’en citer que quelques-uns. Chacun d’entre eux a des caractéristiques qui lui sont propres pour servir les êtres vivants, et se consacre à les protéger et à les sauver des diverses formes de souffrance et de malheur. Par exemple, Manjusri emploie sa sagesse, Sagesse-Universelle ses connaissances, et Maitreya sa bienveillance. Sensible-aux-Sons-du-Monde soulage les souffrances des êtres vivants grâce à sa capacité à percevoir ce qui se passe dans le monde. Roi-dela- Médecine, comme son nom l’indique, soigne les maladies avec des remèdes bienfaisants.

Parmi ces nombreux bodhisattvas, Nichiren choisit comme modèle, en matière de pratique, le bodhisattva Jamais-Méprisant (Fukyo en japonais), qui apparaît dans le Sûtra du Lotus. Comme son nom le laisse entendre, il ne méprise personne et manifeste son plus profond respect envers tous. Selon le Sûtra du Lotus, le bodhisattva Jamais-Méprisant saluait les autres en employant ces termes pleins de respect : « J’éprouve envers vous un profond respect. Je n’oserais jamais vous traiter avec arrogance ni vous mépriser. Pourquoi cela ? Parce que vous pratiquez tous la voie des bodhisattvas et que vous parviendrez tous sans aucun doute à la bouddhéité. » (SdL-XX, 256) Son comportement résume le respect de la dignité humaine incarné dans le Sûtra du Lotus. Comme le décrit le Sûtra, le bodhisattva Jamais-Méprisant joignait les mains en signe de révérence et s’inclinait devant tous ceux qu’il rencontrait.

Nichiren assimile les actions du bodhisattva Jamais-Méprisant au coeur de la pratique bouddhique, en écrivant : « Au coeur des enseignements dispensés par le Bouddha de son vivant, se trouve le Sûtra du Lotus, et le coeur de la pratique du Sûtra du Lotus réside dans le chapitre “Le bodhisattva Jamais-Méprisant”. » (Écrits, 859)

Le comportement du bodhisattva Jamais-Méprisant s’enracine dans sa conviction que tous les êtres vivants sont nobles, parce qu’ils possèdent l’état de bouddha. En révélant leur état de bouddha – la noblesse et la dignité universelles inhérentes à leur vie –, tous les êtres humains sans exception peuvent entrer sur la voie d’une vie suprême. Progresser sur cette voie avec les autres correspond à la pratique de la voie du bodhisattva.

(Adapté de : Austregésilo de Athayde et Daisaku Ikeda, Les Droits humains au XXIe siècle, L’Harmattan, 2013, pp. 154-155)

Extrait 2. Semer les graines du bonheur dans la vie des gens, les uns après les autres, peut paraître un processus long et indirect, mais c’est en réalité le moyen le plus fondamental de changer notre planète dans son ensemble. Il faut du temps pour qu’un arbre pousse à partir d’une minuscule graine, mais, une fois devenu grand et solide, il donne des fleurs et des fruits en abondance, et les gens viennent se reposer sous son feuillage. Chacun d’entre nous devrait s’efforcer de devenir un grand arbre de ce type.

Le bouddhisme de Nichiren ouvre la voie du bonheur pour nous-même et pour les autres. Il ne revendique pas le sacrifice des autres ni le nôtre. Aussi noble que puisse paraître le sacrifice pour autrui, nous ne pouvons pas nous attendre à ce que tout le monde agisse de la sorte. Si tel était le cas, cela conduirait à une situation très anormale.

Notre véritable objectif est le bonheur pour nousmême et pour les autres. Il nous faut pour cela une voie qui permette à chacun de remporter la victoire dans sa vie. Cela signifie que, lorsque nous agissons pour le bonheur des autres, nous le faisons avec un profond sentiment d’estime à leur égard, en pensant : « Tous mes efforts pour l’aider ont fait de moi une personne meilleure. Comme c’est merveilleux !... Les efforts que j’ai déployés pour la soutenir m’ont permis de me renforcer. Je lui suis vraiment reconnaissant ! » En fait, plus nous agissons en faveur de kosen rufu, plus nous accumulons de bonne fortune et de sagesse. Les activités de la SGI sont bénéfiques à la fois pour soi-même et pour les autres.

Ainsi, vous pouvez aller à la rencontre de quelqu’un pour dialoguer, prier pour le bonheur d’une personne, ou envoyer une carte postale ou une lettre. Peut-être celui que vous deviez voir n’est-il pas venu, mais vous gardez le contact et le rencontrerez en d’autres occasions. Cela peut vous sembler peu de choses, et vous avez parfois l’impression de n’arriver à rien. Cependant, avec du recul, vous constaterez qu’aucun de vos efforts n’a été vain. Vous verrez que rencontrer les autres et les encourager ont fait de vous une personne plus forte, plus profonde. Vous découvrirez que prier pour le bonheur d’un ami a considérablement enrichi votre vie. Plus le temps passe – dix, vingt ans –, plus vous remarquerez que chacune de vos actions est devenue un précieux trésor pour vous-même.

(D. Ikeda, La Sagesse pour créer le bonheur et la paix, vol. 1, Le bonheur, Acep, pp. 148-149)

Question pour favoriser les échanges

  • Le bouddhisme de Nichiren est la voie pour créer le bonheur pour soi et pour les autres, pour permettre à chacun de remporter la victoire dans sa vie. Faire tout notre possible pour soutenir et encourager les autres vers ce but nous enrichit et devient notre précieux trésor. Souhaitez-vous partager avec les autres une expérience personnelle qui illustre cela ?

Pour aller plus loin

  • Le bonheur pour soi-même et pour les autres
    Daisaku Ikeda, La Sagesse pour créer le bonheur et la paix, vol. 1, Le bonheur, Acep, pp. 137-156.
  • Un combat contre les forces de l'arrogance
    Daisaku Ikeda, La Sagesse du Sûtra du Lotus, Acep, Éd. 2014, vol. 2, pp. 367-383. Éd. 2004, vol 4., pp. 249-270.
 
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