Thème pour les réunions du mois de novembre 2012. Pour les réunions de discussion du mois de novembre, nous vous proposons de dialoguer autour de la phrase ci-dessous, commentée par Daisaku Ikeda, et de la table ronde qui suit.

Simples mortels que nous sommes, nous ne pouvons voir ni nos sourcils, qui sont si proches, ni le ciel au lointain. De même, nous ne voyons pas que le Bouddha existe dans notre propre coeur.
Nichiren, Gosho du Nouvel an (Écrits, 1144 ; L&T-I, 305).

Commentaires de Daisaku Ikeda

Que signifie connaître sa véritable nature ? Le bouddhisme de Nichiren offre une réponse claire à cette question éternelle de l’existence humaine. Même lorsque nous sommes confronté à un karma éprouvant et cédons au découragement, en tant que pratiquant du bouddhisme de Nichiren, nous pouvons nous relever encore et encore avec confiance et dignité. Car nous savons que l’état de vie suprême de la bouddhéité existe en nous-même. Tout est déterminé par notre esprit et notre attitude de chaque instant. Récitons Nam-myoho-renge-kyo de tout coeur avec la conviction que « Je suis un bouddha », et menons une vie joyeuse et dynamique en restant fidèle à nous-même.1

Table ronde

Jean-Pierre, responsable des hommes de le région Centre-Atlantique. Cet extrait, tiré de l’Écrit du Nouvel An est celui que l’on lit régulièrement le 1er janvier de chaque année. Les dix états2 existent en nous, de l’enfer à la bouddhéité. Autant, on peut comprendre que l’enfer existe, autant la bouddhéité est plus difficile à saisir ! Il est certainement plus facile de se dire : « Je souffre », ou « Je me sens découragé » que « Je suis bouddha ! »


Yann, responsable des jeunes hommes de la région Centre-Atlantique, vice-responsable national des jeunes hommes. Ce qui est transmis dans ce passage, c’est l’idée que la bouddhéité est là, en chacun de nous, à l’état naturel. Mais on ne la voit pas, on ne la perçoit pas, de même qu’on ne peut pas voir nos sourcils. Et ce, parce qu’elle est souvent voilée par ce que le bouddhisme nomme les Trois Poisons.3 Comment alors combattre les tendances qui nous empêchent de percevoir notre nature de bouddha ? L’étude de ce passage m’a aidé à comprendre que la récitation de Daimoku et la force de notre croyance sont des leviers puissants pour atténuer ces Trois Poisons dans notre coeur ; ce qui permet de laisser la place à notre bouddhéité pour se manifester.


Misao, vice-responsable générale des femmes. Le passage : « Simples mortels que nous sommes, nous ne pouvons voir ni nos sourcils, qui sont si proches » est à rapprocher de la parabole de l’homme pauvre qui ne savait pas qu’un ami lui avait cousu un joyau dans la doublure de son manteau.4 Les êtres humains que nous sommes ne peuvent pas croire qu’en eux existe l’état de bouddha, surtout quand problèmes et souffrances nous accablent. Le bouddhisme appelle cette incroyance, « obscurité fondamentale ». Nichiren explique que l’état de bouddha – tout comme les Trois Poisons – existe en nous. Théoriquement, on peut comprendre, mais comment vivre concrètement ce que Nichiren affirme ? L’état de bouddha, comment se manifeste-t-il dans nos vies ? Par notre force vitale, par de la bonne fortune, par notre sagesse... qui permettent de surmonter n’importe quelle situation difficile. Ces caractéristiques de l’état de bouddha se manifestent lorsqu’on récite Nam-myoho-renge-kyo assidûment.

Pour ma part, comme tout le monde, j’ai vécu des périodes où, plongée dans mes problèmes, je ne ressentais ni énergie, ni bonne fortune, ni sagesse... Je ne pouvais pas croire que j’en étais capable. Mais j’ai continué malgré tout à pratiquer tous les jours, à soutenir les autres, dans mon environnement, dans mes activités bouddhiques...

Aujourd’hui, je peux dire que non seulement j’ai transformé mon karma, mais aussi que je crois au potentiel énorme de ma vie, en ma nature de bouddha. Je l’ai expérimenté tant de fois !


Yann. Cette notion de persévérance est abordée dans la phrase tirée du commentaire de cet extrait : « Lorsque nous sommes confronté à un karma éprouvant, nous pouvons nous relever encore et encore avec confiance et dignité. » Dans la société difficile d’aujourd’hui, l’état de bouddha peut paraître lointain. Mais, en s’efforçant de croire en notre bouddhéité, encore et encore, en faisant un pas de plus, même si l’on a juste l’impression de faire ce que l’on peut, l’état de bouddha n’est pas si loin. Il est essentiel, surtout pour les jeunes, de comprendre l’importance de la persévérance.

Une autre clé réside dans le fait de ne pas se déni- grer. Le dénigrement de soi peut être un frein à la manifestation de l’état de bouddha. Ainsi, ne pas se dénigrer est synonyme du fait de penser: « Ma vie est digne. »

Par ailleurs, développer un esprit de défi est essentiel quand on subit des critiques que l’on ressent comme injustes, quand on n’est pas satisfait d’une situation ou, plus généralement, quand on souffre d’une situation relationnelle complexe. Il est possible, par notre pratique, notre prière, de se dire, en son for intérieur: « Je vais leur montrer de quoi je suis capable, je vais gagner ! » C’est ça aussi, faire preuve de dignité.


Misao. Tout est déterminé par notre esprit. Nichiren Daishonin et Daisaku Ikeda évoquent souvent le « pouvoir merveilleux » de notre esprit : « Une fois activée l’énergie fondamentale de notre “esprit”, les “vitesses” des trois mille phénomènes s’enclenchent immédiatement. Tout change. Nous pouvons utiliser chaque situation pour en tirer espoir et amélioration. » Si je veux absolument changer un aspect de ma vie parce que j'en souffre, je peux activer la force de décider de ce changement. En récitant Nam-myoho-renge-kyo, je vais chercher, au fond de moi, cette force de décider. Face à des difficultés qui nous font souffrir, on récite Nam-myoho-renge-kyo. On acquiert alors la force vitale, le courage, l’espoir nécessaires pour aller plus loin.

Pour moi, être vaincue par l’obscurité fondamentale, c’est penser : « Je ne pourrai jamais devenir heureuse. » J’ai vécu cela. Finalement, à travers la prière soutenue par la récitation de Daimoku, on passe du découragement au courage, du désespoir à l’espoir. On peut arriver à croire que l’on peut changer notre vie. Mais ce n’est pas évident, n’est-ce pas ? On passe par des hauts et des bas... Mais, au bout du compte, on peut gagner. À chaque fois que j’ai surmonté mon karma, je me suis dit : « J’ai changé l’impossible en possible. »


Jean-Pierre. Par rapport à la prière, dans ses commentaires de La phrase unique et essentielle6 Daisaku Ikeda fait également le parallèle entre ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas : « La prière est invisible, mais, pratiquée régulièrement, avec le temps elle ne manque jamais de produire un résultat clair et indéniable, dans notre vie et dans notre entourage. C’est le principe de la réalité ultime de tous les phénomènes. Avoir la foi, c’est croire en ce domaine invisible. » L’expression « La prière est invisible » signifie qu’on ne comprend pas, on ne voit pas les mécanismes de la prière, de la pratique bouddhique. Mais si l’on arrive à offrir des prières avec une grande confiance, de tout son coeur, cela active proportionnellement la puissance du Bouddha et de la Loi7, provoquant un résultat « indéniable ». De même, croire dans notre nature de bouddha qu’on ne voit pas, c’est partir de la certitude de son existence dans notre vie, de son potentiel, donc de la certitude du résultat pour aborder les neuf autres états. C’est partir de l’effet – la manifestation de l’état de bouddha – vers la cause, les neuf autres états. La démarche contraire est caractéristique des enseignements antérieurs au Sûtra du Lotus, avec lesquels on pouvait se dire : « Quand j’aurai compris, je transmettrai aux autres » ou « Quand je serai riche, j’aiderai les autres »... Le bouddhisme de Nichiren s’attache, au contraire, à miser sur le dixième état, indépendamment des circonstances. Ce qui me touche, dans cette démarche, c’est l’idée qu’il ne faut pas attendre de se réaliser pour agir.


Misao. Dans la croyance, qui est invisible, la causalité existe. L’effet, le résultat, apparaît un jour. Et, quand on a la conviction de l’existence de notre nature de bouddha, on a le désir de faire savoir aux autres qu’elle existe dans leur vie également. Il arrive que les autres ne comprennent pas, bien sûr. Mais, dans l’acte de transmettre, on plante une cause, on sème une graine. Et celle-ci est un véritable trésor. Un jour, cette graine germe. C’est comme si l’on réveillait la conscience de l’autre : « Vous avez un joyau, donc vous avez la force de tout surmonter et de devenir heureux. »


Jean-Pierre. On se rend compte combien il était difficile – voire impossible – d’imaginer l’établissement de kosen rufu, à l’époque de Josei Toda, après la guerre.


Misao. À ce propos, Daisaku Ikeda écrit : « L’état de vie de la bouddhéité et le grand désir d’une vaste propagation sont une seule et même chose. Si bien que ce vaste état de vie se manifeste seulement chez ceux qui entreprennent de réaliser concrètement cette vaste propagation pour la paix [kosen rufu]. »8 Donc, faire prendre conscience aux autres de la nature de bouddha qui existe dans leur vie, leur faire connaître Nam-myoho-renge-kyo, nous permet de manifester, dans notre vie, notre état de bouddha.


Yann. Permettre à d’autres personnes de manifester leur état de bouddha rejoint le Grand Voeu : atteindre à la fois son bonheur personnel et permettre aux autres de faire de même. Faire sien le Grand Voeu, c’est revenir sans cesse à son propre état de bouddha et à celui des autres. Les deux sont fortement liés.


Paru dans Valeurs humaines n°24, octobre 2012.

Notes

  • 1. Extraits de Vivre les écrits de Nichiren Daishonin, paru le 7 octobre 2011 dans le Seikyo Shimbun, quotidien affilié au mouvement bouddhiste Soka au Japon. Voir d’autres extraits dans la rubrique Encouragements.
  • 2. Dix conditions de vie inhérentes à chaque être vivant. Voir dix états.
  • 3. Trois Poisons : avidité, colère, ignorance. Les maux fondamentaux inhérents à la vie, responsables de la souffrance humaine.
  • 4. Cf. Le Sûtra du Lotus, Les Indes savantes. La parabole est relatée dans le chapitre VIII « Cinq cents disciples », p. 153.
  • 5. Le Sûtra du Lotus - Chapitre Juryo, Commentaires de D. Ikeda, Acep, vol. 2, p. 227.
  • 6. Écrits, 932 ; L&T-l, 247.
  • 7. Référence aux « quatre forces » : les deux premières, celles de la foi et de la pratique, activent les deux autres, celle du Bouddha et celle de la Loi bouddhique.
  • 8. Le Monde du Gosho, vol. 1, p. 15.

A lire dans le numéro de Valeurs humaines du mois d'octobre 2012.
Valeurs humaines est le mensuel des associations Soka du bouddhisme de Nichiren.
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