En 2008, le mouvement bouddhiste Soka au Japon a publié le huitième volume de sa série sur les manuscrits du Sûtra du Lotus. Il s’agit de la version romanisée du manuscrit sanskrit de la Société Asiatique, no. 2.

Le mouvement Soka avait initialement commissionné l’Institut de Philosophie Orientale (IOP), à Tokyo, pour coordonner la publication de facsimilés et de textes romanisés des manuscrits du Sûtra du Lotus, en coopération avec diverses institutions académiques dédiées à la préservation des textes originaux, ainsi que des experts internationaux. La publication de cette série vise à rendre le texte du Sûtra du Lotus largement accessible à des études académiques.

La première traduction historique d’Eugène Burnouf

Le manuscrit sanskrit de la Société Asiatique no. 2 fut utilisé par le linguiste et orientaliste français, Eugène Burnouf (1801-52) pour sa célèbre traduction du Sûtra du Lotus en français1. Ce fut la première fois que ce texte ancien fut traduit dans une langue moderne européenne. Eugène Burnouf conduisit des recherches approfondies sur le bouddhisme et fut l’un des pionniers de ce domaine au XIXe siècle, avec ses collègues du Collège de France. De ce point de vue, la publication récente de la translitération en sanskrit romanisé du manuscrit original, qui peut être considéré comme le point de départ de la recherche académique sur le bouddhisme Mahayana en Europe, est profondément significative.

En 1837, Brian Houghton Hodgson (1800-1894), administrateur colonial britannique rattaché à Katmandou envoya à Burnouf un grand nombre de sûtras bouddhiques qu’il avait obtenu au Népal. Parmi ces textes, Burnouf découvrit un manuscrit du Sûtra du Lotus (no. 2, Société Asiatique, Paris), en parfait état de conservation. Il commença immédiatement à le traduire en français, et acheva son travail en 1839. Il ajouta par la suite de longues notes fondées sur les manuscrits 138–139 [P1] et 140–141 [P2] de la Bibliothèque Nationale de France. Sa traduction, accompagnée de notes détaillées et d’annexes, fut publiée en 1852 – une réalisation majeure dans le domaine académique, qui eut un profond impact sur les philosophes de l’époque.

La possibilité de lire le texte original du manuscrit en sanskrit romanisé était attendu depuis longtemps par les bouddhologues et philologues. Aussi la publication de cette huitième série des manuscrits du Sûtra du Lotus constitue une avancée significative, accomplie près de cent cinquante ans après la traduction de Burnouf.

Une nouvelle impulsion aux études sur le Sûtra du Lotus

Le Dr Haruaki Kotsuki, responsable des études sur les manuscrits à l’Institut de Philosophie Orientale, entreprit la tâche complexe de romaniser le texte original. Il observa : « L’importance de la traduction de Burnouf, sur les plans académique et philosophique, est immense. Au Japon, les études sur le Sûtra du Lotus ont été basées principalement sur la traduction de Kumarajiva. Mais le texte romanisé offre désormais une nouvelle approche du Sûtra du Lotus, et nous permet d’examiner et de comparer le texte original en sanskrit avec sa version française.

« Au travers de comparaisons entre la nouvelle version en sanskrit romanisée et la version française, nous pourrons éclaircir la façon dont le bouddhisme Mahayana a été introduit dans le monde académique européen. En même temps, cette version romanisée constituera une ressource précieuse pour des recherches philologiques approfondies, ouvrant de nouveaux horizons aux études sur le Sûtra du Lotus, au sens large. »


Traduit de l’article Soka Gakkai publishes eighth part of the Lotus Sutra manuscripts series du site sgi.org, daté du 5 avril 2008.


Notes

  • 1. Le lotus de la bonne loi, traduit du sanscrit, accompagné d’un commentaire et de vingt et un mémoires relatifs au bouddhisme, Paris, Imprimerie nationale, 1852.

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