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Son nom est synonyme d'une vie consacrée à la lutte contre l'apartheid et pour les droits civiques en Afrique du Sud. Aujourd'hui encore, son exemple et ses mots nous encouragent à dépasser nos limites et triompher de l'adversité.

Son idéal

D'un caractère plein d'optimisme, confiant en lui-même et en l'être humain, Nelson Mandela a toujours vécu pour un ideal universel, prêt à donner sa vie pour défendre ses idées. Lors du procès de Rivonia (octobre 1963-juillet 1964), qui aboutira à sa condamnation à la prison à perpétuité, il termine son allocution par ces mots :

Durant toute ma vie, je me suis engagé dans la lutte pour le peuple africain. J'ai combattu la domination blanche, et j'ai combattu la domination noire. J'ai défendu l'idéal d'une société démocratique et la dans laquelle tous les individus vivraient harmonie et bénéficieraient de chances égales. C'est un idéal pour lequel j'espère vivre et que j'espère voir se réaliser. Mais c'est idéal aussi pour lequel, s'il le faut, je suis prêt à mourir.

Pour lui, la liberté est complète quand elle prend en considération l'autre :

Etre libre ne signifie pas seulement se libérer de ses chaines, mais vivre d'une manière qui respecte la liberté des autres.


L'endurance

La question se pose néanmoins de savoir comment Nelson Mandela a pu résister à une aussi longue incarcération, aux années d'isolement imposées par son statut de prisonnier politique et au travail harassant dans la prison de l'ile de Robben Island.

Il puise sa force, notamment dans la correspondance qu'il entretient avec sa femme Winnie. Les visites sont accordées avec parcimonie. Alors, même s'il sait que ses lettres seront lues et soumises à la censure, il lui écrit :

Ceux qui n'ont pas d'âme, pas le sens de l'orgueil national et aucun idéal au nom duquel ils pourraient se battre, ceux-là ne peuvent supporter ni l'humiliation ni la défaite.

Il confie aussi que le soutien international et les progrès de son organisation dans la lutte clandestine pour les droits civiques contribuent à maintenir son moral élevé. Il aime prendre le temps de lire, particulièrement les tragédies grecques comme Antigone ou l'ouvre de Tolstoï, qui élèvent son esprit.

Il engage également un dialogue épistolaire avec les autorités pour les persuader d'adhérer à ses idées et obtient progressivement des conditions d'emprisonnement moins dures. Tout au long de sa détention, il mène une réflexion approfondie sur son parcours d'homme et de militant, qui le conduira à abandonner la lutte armée et à se tourner à nouveau vers le pacifisme ; la démocratie en Afrique du Sud ne peut voir le jour dans la violence.

Le principal est d'être honnête avec soi-même. On ne pourra jamais avoir un impact sur la société si l'on ne se transforme pas soi-même.

Il souligne le rôle prépondérant joué par la spiritualité, au cours de ses années de souffrance et de solitude. Peu à peu, la méditation qu'il pratique régulièrement contribue à son évolution.

Les armes spirituelles [...] transforment le prisonnier en homme libre, le roturier en monarque, la boue en or. Pour le dire crûment, ce ne sont que ma chair et mes os qui sont coincés derrière ces murs épais [...]. Mes pensées sont aussi libres que le vol d'un faucon.

L'évolution de sa personnalité vers une humanité plus large lui permettra, à sa sortie de prison, d'oeuvrer à la réconciliation entre les Noirs et la minorité blanche, privilégiant le dialogue afin d'éviter un bain de sang.


Note : Toutes les citations de Nelson Mandela sont tirées de ces ouvrages : Conversations avec moi-même, 2010, Ed. de la Martinière ; Un long chemin vers la liberté, 1995, Fayard.

Tiré de l'article Nelson Mandela, paroles de défi, paroles de sagesse, publié dans Valeurs humaines n°35, juillet-août 2013, p. 24-25.
Valeurs humaines est le mensuel des associations Soka du bouddhisme de Nichiren. Abonnement / Achat au numéro

Rencontres avec Daisaku Ikeda

Daisaku Ikeda a rencontré Nelson Mandela à deux reprises : la première en 1990, année de sa libération de prison ; la deuxième en 1995, année suivant son élection comme président de la république d'Afrique du Sud.
Nelson Mandela et Daisaku Ikeda lors de leur seconde rencontre, Tokyo, 1995.[© Seikyo Shimbun]

Un homme privé de liberté pendant la moitié de sa vie adulte nous enseigne le sens profond de la liberté. Seuls ceux qui vivent fidèles à leurs convictions, sans être esclaves de leur environnement, sont réellement libres. (...)
Je le répète ici, à l'attention de nos jeunes : Regardez cet homme ! Suivez l'exemple victorieux de celui qui a démontré, avec sa vie même, la valeur d'une philosophie immortelle fondée sur l'amour de l'humanité !
Daisaku Ikeda, Nelson Mandela, ancien président de la république d'Afrique du Sud, D&E n°266, février 2014, p.46.

› Voir une courte vidéo de la rencontre du 31 octobre 1990 (en anglais, non sous-titré)

Bio express

  • 18 juillet 1918. Naissance à Mvezo en Afrique du Sud. Il appartient au clan Madiba.
  • 1944. Il adhère à l'ANC (Congrès national africain) en lutte contre la politique de la minorité blanche et la ségrégation raciale.
  • 1948. Il devient avocat et participe aux actions non-violentes contre l'apartheid.
  • 1960. Interdiction de l'ANC, qui devient un mouvement politique clandestin et militaire. Nelson Mandela abandonne le pacifisme pour des actions de sabotage contre l'appareil politique et les administrations en place.
  • 12 juillet 1963. Arrestation, puis condamnation lors du procès de Rivonia à la prison à perpétuité. Son incarcération durera vingt-sept ans, soit environ 10 000 jours. Dès lors, il devient un symbole de la lutte pour l'égalité raciale et bénéficie d'un soutien international croissant.
  • 11 février 1990.Libération de prison. S'inspirant de la pensée ubuntu dans laquelle il a été élevé, il soutient la réconciliation et la négociation avec le gouvernement du président Frederik de Klerk.
  • 1993. Il reçoit le prix Nobel de la Paix conjointement avec Frederik de Klerk (chef de l'État de 1989 à 1994).
  • 10 mai 1994. Nelson Mandela devient le premier président noir de la République d'Afrique du Sud et le restera jusqu'au 14 juin 1999. Après un unique mandat, il se retire de la vie politique active, mais continue à soutenir publiquement l'ANC tout en condamnant ses dérives. Impliqué par la suite dans plusieurs associations de lutte contre la pauvreté ou contre le sida, il demeure une personnalité mondialement reconnue en faveur de la défense des droits de l'homme.
  • 5 décembre 2013. A l'âge de 95 ans, Nelson Mandela décède paisiblement, entouré des siens.
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