Chantons sous la pluie (Singin' in the Rain) est un film musical américain de Stanley Donen et Gene Kelly, sorti en 1952.

Montée des fondamentalismes, financiarisation de l’économie, multiplication des conflits armés… Dans une époque marquée par un recul de l’humain, le bouddhisme promeut un renouveau humaniste qui s’avère de plus en plus nécessaire.

Dans sa proposition pour la paix de janvier 2008 intitulée « Humaniser la religion, créer la paix », Daisaku Ikeda fait l’analyse des raisons profondes des crises actuelles et propose une “voie de sortie” par l’humanisme bouddhique. Cinq points clés méritent en particulier d'être soulignés :

  • L'humanisme bouddhique comme respect des êtres vivants
  • L'humanisme bouddhique comme réponse au sectarisme et au dogmatisme
  • L'humanisme bouddhique comme clé pour humaniser la religion
  • L'humanisme bouddhique actif, qui se manifeste par le dialogue
  • L'humanisme bouddhique comme maîtrise de soi

1. Respecter tous les êtres vivants

Le désir d'aider notre prochain à sortir des souffrances pourrait être qualifié d’“humanisme spontané”, un élan humaniste qui se concrétise par une valorisation totale de la vie humaine . Pourtant, il existe une dérive possible à ce type d'humanisme : un anthropocentrisme qui valoriserait exagérément les êtres humains au détriment des autres êtres vivants.

Quelle est la différence entre la philosophie humaniste du bouddhisme et la tradition humaniste européenne ? Ces deux formes d'humanisme sont semblables en ce qui concerne le respect et la valeur qu'elles accordent à l'être humain. Le bouddhisme toutefois ne considère pas les êtres humains comme les maîtres de la Terre, destinés à assujettir la nature et toute forme de vie, comme l’avance Descartes qui, dans son Discours de la méthode, invitait les êtres humains à se « rendre maîtres et possesseurs de la nature », et toute la science et l'économie modernes après lui – avec les conséquences écologiques désastreuses que l’on sait.

L'une des particularités de l'humanisme bouddhique est qu'il ne conçoit pas les relations en termes antinomiques, tels que “nous” et “eux” ou “êtres humains” contre “environnement”. Tous les phénomènes étant étroitement liés, le bonheur humain ne peut se construire qu’en harmonisant ces relations. A cet égard, on pourrait décrire le bouddhisme comme un “humanisme cosmique”, qui cadre tout à fait avec le développement de la conscience écologique contemporaine.

2. Répondre au sectarisme et au dogmatisme

La tradition humaniste occidentale s'élabora au cours de la Renaissance et de la Réforme, au XVIe siècle, et apporta un renouveau extraordinaire à la philosophie, aux arts, à la politique, etc. Pourtant, au cœur de ce nouveau courant se forma une idéologie, au sens d'effort de pensée détaché du réel, tendant à renforcer le dualisme et l’individualisme.

Daisaku Ikeda oppose à cet humanisme “idéologique” un nouvel humanisme, à caractère “cosmologique”, c'est-à-dire « un humanisme considérant que la vie des individus s'étend jusqu'au cosmos et l'inclut tout entier et que, de ce fait, elle mérite le plus profond respect. »* Contrairement aux idéologies, la cosmologie – dans le sens de représentation du cosmos et de la place de l’homme en son sein – permet d'inclure et d'englober les autres ; il ne peut y avoir de cosmologie “intolérante”.

Par contraste, l'attachement aux idéologies mène inévitablement à une attention excessive aux différences. « Non seulement les différences sectaires, mais également idéologiques, culturelles et ethniques, ne sont jamais absolues. Ces différences, à l'instar des règles et de l'organisation de la société humaine elle-même, sont toutes relatives ; elles doivent être considérées comme des concepts souples et fluides, nécessitant une réévaluation constante, afin de toujours mieux servir les besoins de l'homme. »*

Allant à l'encontre de doctrines rigides et immuables, une telle approche a permis à la profonde philosophie du bouddhisme d'évoluer de manière vivante et créative. « L'humanisme bouddhique n'est pas enraciné dans des a priori conceptuels figés ; il s'appuie sur la croyance en la possibilité pour chaque personne d'accomplir sa révolution humaine en cultivant l'état de bouddha qu'elle possède de manière inhérente. »1

3. Humaniser la religion

Les règles et les idées doivent donc être au service des êtres humains, et non l'inverse. Il en va de même, nous le savons bien, pour les religions, qui peuvent être de merveilleux instruments de libération ou d'épouvantables armes d'oppression. « La preuve la plus évidente en est que le mot “fondamentalisme” n'apparaît nulle part ailleurs aussi fréquemment qu'en rapport avec la religion. »* Il nous revient donc d'œuvrer avec sérieux à humaniser la religion.

La religion rend-elle les gens plus forts ou les affaiblit-elle ? Encourage-t-elle ce qu'il y a de bon ou de mauvais en eux ? Les rend-elle meilleurs et plus sages ? Ces questions mettent en lumière l'impact concret de la religion sur les êtres humains. Ce sont de précieux critères d'appréciation de la valeur d'une religion ou d'une philosophie. Ces mêmes critères ont permis à la SGI d’opérer une révolution religieuse visant à rompre avec des comportements corrompus ou autoritaires.

De manière générale, une telle “révolution” consiste à mettre clairement la religion au service des êtres humains. Il n'est donc pas étonnant que Daisaku Ikeda se réfère alors à cet appel du critique japonais Kazuo Watanabe : « La seconde réforme religieuse doit être entreprise par un nouveau Martin Luther, un nouveau Jean Calvin. Bien que cela puisse sembler inhabituel, le seul chemin pour y parvenir est d'humaniser la religion. »2

4. S'engager dans le dialogue

Cet appel à la “révolution religieuse” illustre bien que l'humanisme bouddhique n'a rien « du flou, de l'émotivité équivoque, et de la faiblesse que semble véhiculer de nos jours le mot “humanisme”. »* Il est au contraire un humanisme engagé, et même ce que l'écrivain allemand anti-nazi Thomas Mann appelait “un humanisme militant”3 Ni compromis facile, ni engagement timoré, l'humanisme bouddhique est une lutte spirituelle.

Mais cette lutte est évidemment non-violente. Ses armes sont les mots. « La clé pour mener à bien la lutte pour les idéaux humanistes repose sur le dialogue – un défi aussi vieux (et aussi neuf) que l'humanité elle-même. »* Le défi de poursuivre le dialogue continuellement et avec conviction.

De ce fait, le bouddhisme valorise et encourage la pratique du dialogue : c'est la parole qui est d'or, et non le silence! « Le dialogue est, effectivement, la condition essentielle pour nous rendre humains. Socrate déclarait qu'il n'y avait pas pire mal pour l'homme que de détester débattre, et que la misologie [haine de la raison, aversion pour le raisonnement] et la misanthropie [haine du genre humain] provenaient de la même source. Un tel humanisme ouvert et universel est la clé de l'ère nouvelle. »*

5. Se maîtriser d'abord soi-même

Faisant l’éloge de l’optimisme du grand historien français Jules Michelet (1798-1874), envers son époque, (« âge heureux que le nôtre ») et envers l'avenir (« la grande harmonie est rétablie pour toujours ») Daisaku Ikeda précise : « Si son généreux éloge de l'humanité représente la force centrifuge, jaillissant du centre de son être, l'autodiscipline et la maîtrise de soi sont les forces centripètes, régulant et ramenant le flux vers le centre. L'équilibre parfait entre ces deux forces est essentiel pour assurer le bon fonctionnement de l'âme humaine. »*

Sans cet effort de maîtrise de soi, parler d'humanisme perd son sens et sa valeur. L'être humain court à sa propre perte s'il reste incapable de maîtriser son avidité et continue de mettre la planète en coupe réglée. Et, d'ailleurs, quoi de plus dangereux qu'un idéaliste qui ne se maîtrise pas!

« Nous pourrons rendre aux hommes et à l'humanisme leurs rôles de protagoniste central [...] uniquement en faisant des efforts spirituels inlassables pour nous améliorer et nous maîtriser. »4 En tant que personnes ordinaires, nous manquons cruellement de maîtrise, au moins directe, sur les graves problèmes qui frappent le monde. Mais nous pouvons exercer des efforts spirituels constants, et ainsi nous améliorer et nous maîtriser. Cela constitue la base d'un nouvel humanisme pour le XXIe siècle, qui sera à l'origine d'une civilisation planétaire de paix.


Adapté de l'article Aperçu sur l'humanisme bouddhique, Troisième Civ’ n°567, novembre 2008, pp.20-23.

Notes

  • * Toutes ces citations sont tirées de la Proposition pour la paix du 26 janvier 2008, Humaniser la religion, créer la paix, parue dans les D&E-mai 2008, Acep.
  • 2. D. Ikeda, Le Monde du Gosho, vol.1, Acep, 2004, p. 9 et suivantes.
  • 3. Cité dans D&E-mai 2008, pp.17-18.
  • 4. Op. cit., p.28.

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