Pour les mois d’août et de septembre, nous proposons d’étudier l’un des thèmes du programme de l’activité niveau 1 du 14 octobre prochain. Extraits des pages 80 à 84 de la brochure publiée pour cette activité.

Le bouddhisme de Nichiren est un enseignement qui permet aux êtres humains de transformer leur vie au niveau le plus profond, de briser les limites du karma ou du destin, et d’ouvrir une voie pour aller de l’avant. Cet enseignement nous permet de changer notre karma dans un sens positif et nous assure aujourd’hui un état de vie véritablement joyeux qui perdurera longtemps, à l’avenir. Examinons le concept de changement du karma et l’approche consistant à le considérer comme notre mission en cette vie.

Le concept du karma

La vie implique toutes sortes de problèmes et de souffrances, dont certains résultent clairement des actions et choix que nous avons effectués durant notre existence présente. Mais nous avons été aussi confrontés à des problèmes dont nous ne pouvons pas identifier la cause. En de telles occasions, nous pensons peut-être : « Je n’ai rien fait de mal. Pourquoi dois-je souffrir ainsi ? »

Du point de vue du bouddhisme, nous pouvons considérer ce dernier type de souffrance comme un résultat dans cette vie présente des actions négatives que nous avons entreprises dans les existences passées. Cela correspond au concept du karma.

Le mot « karma » provient d’un mot sanskrit signifiant « action ». Nos actions des vies passées qui ont le pouvoir d’influencer notre bonheur ou notre malheur en cette vie constituent notre « karma » ou destin. Il est présent depuis les vies passées. Bien que ce karma puisse être « bon » ou « mauvais », le plus souvent, quand on parle de « karma » c’est pour désigner le « mauvais karma » – c’est-à-dire l’accumulation de causes négatives dans les vies passées qui se traduisent en souffrances dans le présent.


Le bouddhisme enseigne « les trois phases de la vie » et « la cause et l’effet qui s’étendent dans les trois phases de la vie ». Cela revient à considérer que la vie ne se limite pas à l’existence présente, mais constitue un ensemble continu qui s’étend des vies passées vers le présent, et jusqu’aux vies futures. Les actions accomplies dans les existences passées forment des causes qui apparaissent sous forme d’effets – ou résultats – dans l’existence présente. Les actions entreprises au présent créeront des causes qui apporteront des effets dans les existences futures.

Si l’on a créé de mauvaises causes dans une vie passée, alors on verra les résultats de ces causes dans notre vie présente sous forme de souffrance. Si l’on a formé de bonnes causes dans les vies passées, celles-ci apporteront des effets positifs en cette vie, telles que la bonne fortune, la paix et le bonheur. Telle est la description générale de la causalité en bouddhisme, qui sous-tend le concept de karma.

Cependant, selon ce point de vue, si nous prenons conscience des causes de notre souffrance présente, nous ne pouvons en revanche pas faire grand-chose pour la surmonter en cette vie. Tant que demeureront les causes plantées dans nos vies passées, nous connaîtrons la souffrance. Par ailleurs, ces causes ne seront éliminées qu’après avoir produit des effets. Selon cette conception, tout ce que nous pouvons faire, c’est veiller à ne pas générer à nouveau de mauvaises causes. En revanche, en ce qui concerne le passé, nous n’avons pas d’autre choix que d’attendre qu’une mauvaise cause, puis une autre, produise son effet, jusqu’à ce que toutes les mauvaises causes soient épuisées. Mais il faudrait pour cela un nombre de vies incalculables. Cette approche du karma inspire donc peu d’espoir d’améliorer notre vie et, pire encore, cela peut nous amener à simplement accepter notre karma avec résignation.

Par opposition avec cette idée, Nichiren nous montre comment changer notre karma, ou destin, en cette vie-ci. Dans sa Lettre de Sado, il déclare que les grandes persécutions auxquelles il est confronté ne peuvent être attribuées au principe général de cause et effet exposé dans le bouddhisme mais plutôt au fait que, dans les existences passées, il a calomnié le Sûtra du Lotus et ses pratiquants.

Il écrit notamment : « Cependant, mes souffrances ne sont pas imputables à cette loi de causalité. Dans le passé, j’ai méprisé le pratiquant du Sûtra du Lotus. J’ai aussi ridiculisé le Sûtra lui-même, parfois en le louant exagérément, d’autres fois en faisant preuve de mépris. » (Lettre de Sado, Écrits, 308)

Bonnes et mauvaises causes

Dans ce passage, Nichiren suggère que calomnier ou mépriser le Sûtra du Lotus – c’est-à-dire « calomnier l’enseignement correct » – est la pire cause négative qu’une personne puisse créer. Le Sûtra du Lotus incarne les principes bouddhiques ultimes selon lesquels tous les êtres humains peuvent atteindre la bouddhéité, tous méritent le respect, et l’on doit s’efforcer de parvenir au bonheur à la fois pour soi-même et pour les autres. De ce fait, calomnier le Sûtra du Lotus signifie dénigrer ou nier le véritable potentiel et la dignité des êtres humains et représente la forme de « mal ultime »1, qui engendre tous les autres types de mauvaises causes.

Nichiren nous dit que nous pouvons parvenir à un état de vie caractérisé par un bonheur véritable en ce monde, si nous arrêtons de commettre le « mal ultime » qui consiste à ne pas croire dans l’enseignement correct et à le calomnier, et si nous accomplissons à la place le bien ultime qui consiste au contraire à croire, protéger et transmettre cet enseignement. Autrement dit, en remplaçant la pire mauvaise cause par la bonne cause la plus élevée, le résultat correspondant sera à son tour transformé et deviendra positif. Au cœur de cette transformation se trouve la récitation de Nam-myoho-renge-kyo.

Nichiren cite le Sûtra Sagesse-Universelle2, considéré comme l’épilogue du Sûtra du Lotus, où il est dit : « Les “fautes dans leur multitude” sont des expédients karmiques… et sont comparables au givre ou à la rosée. Par conséquent, bien qu’elles existent, elles peuvent s’évaporer sous le soleil de la sagesse. Le “soleil de la sagesse” est Nam-myoho-renge-kyo. » (OTT, 205)


En croyant dans le Gohonzon et en nous efforçant de réciter Nam-myoho-renge-kyo pour notre propre bonheur et pour celui des autres, nous ferons jaillir le soleil de la bouddhéité de l’intérieur de notre vie, ce qui amènera le karma négatif créé au cours de nos nombreuses vies passées à s’évaporer comme le givre ou la rosée sous l’éclat du soleil.

L’allégement des rétributions karmiques

Même si nous faisons des efforts dans notre pratique bouddhique, nous ne serons jamais totalement libérés des épreuves de la vie. De plus, obstacles et entraves apparaîtront dans le cours de nos luttes pour kosen rufu. Nichiren enseigne que rencontrer ce type de difficultés et pouvoir ainsi changer notre karma est en fait un bienfait de la pratique bouddhique. C’est ce qu’on appelle « l’allégement des rétributions karmiques ».

On peut expliquer ainsi ce concept : le lourd karma que nous avons accumulé en raison des fautes graves commises dans les vies antérieures générera des souffrances importantes, non seulement dans notre vie présente mais également dans nos vies futures. Cependant, le pouvoir bienfaisant de notre pratique bouddhique – qui consiste à croire et à nous efforcer de transmettre l’enseignement correct – nous permet de recevoir les effets de ces fautes dans cette seule vie, et sous une forme fortement atténuée. De plus, nous pouvons aussi éradiquer tout notre karma négatif accumulé depuis le passé infini.

À propos du principe d’allégement de nos rétributions karmiques, Nichiren déclare : « Les souffrances de l’enfer s’évanouiront instantanément. » (L’allégement de la rétribution karmique, Écrits, 200) Au moment où notre karma négatif est éliminé, nous nous libérons des pires souffrances qui soient en cette vie et dans les existences futures. Les difficultés deviennent d’excellentes occasions de nous libérer de notre karma passé négatif et de polir notre vie. Nichiren écrit à ce sujet : « Le fer chauffé dans les flammes et martelé peut devenir un bon sabre. Les personnes de valeur et les sages sont mis à l’épreuve par les mauvais traitements. Mon exil actuel n’est pas dû à un crime séculier. C’est seulement de cette façon que je pourrai expier en cette vie mes graves fautes passées et me libérer dans la prochaine des trois mauvaises voies [les états d’enfer, d’avidité et d’animalité]. » (Lettre de Sado, Écrits, 306)

Adopter délibérément le karma qui convient

Ceux qui persévèrent dans la foi même face aux difficultés et ainsi transforment leur karma transformeront aussi le sens qu’ils donnent à leur vie.

Le Sûtra du Lotus explique le principe d’« adopter délibérément le karma qui convient ». Les êtres vivants naissent dans des lieux et à des époques spécifiques en raison de deux types de causes différentes. Soit ils naissent en fonction de leurs souhaits et vœux, ou alors leur naissance est déterminée par leur karma. De manière générale, le bouddhisme explique que les bodhisattvas naissent en ce monde en raison de leur désir d’exaucer leur vœu, alors que les personnes ordinaires naissent dans leurs conditions présentes comme résultat de leur karma passé. Cependant, dans le Sûtra du Lotus, il est enseigné que les bodhisattvas qui ont accumulé une grande bonne fortune grâce à leur pratique bouddhique dans les vies passées abandonnent délibérément les rétributions positives dues à leurs actions pures et choisissent au contraire de naître dans notre monde impur3. Ils se comportent ainsi parce qu’ils ressentent de la compassion pour les êtres vivants et souhaitent les sauver de la souffrance. C’est pour cela que ces bodhisattvas, tout comme les personnes ordinaires qui naissent en ce monde mauvais4 en raison de leur mauvais karma, connaissent eux aussi la souffrance.

Cette approche nous permet de donner un nouveau sens à l’adversité. En tant que personnes qui surmontons les problèmes grâce à la foi bouddhique, nous pouvons considérer que nous vivons dans ce monde mauvais et endurons des souffrances, non seulement comme un résultat de notre mauvais karma, mais aussi parce que cela nous donne l’occasion d’accomplir notre vœu, en tant que bodhisattvas, de mener les êtres humains au bonheur. En partageant la souffrance des autres et en la faisant nôtre, nous pouvons leur servir de modèles par notre façon de surmonter ces souffrances.

À propos de ceux qui fondent leur mode de vie sur ce principe d’« adopter délibérément le karma qui convient » [pour accomplir leur vœu], le président de la SGI, Daisaku Ikeda, écrit : « Chacun de nous a un karma, ou destin, qui lui est propre. Mais, quand nous faisons clairement face à ce karma et saisissons sa véritable signification, alors toutes les difficultés peuvent nous conduire à mener des vies plus riches et plus profondes. Et les actions que nous entreprendrons en luttant contre notre destin établiront un exemple qui inspirera d’innombrables autres personnes. En d’autres termes, quand nous changeons notre karma en mission, nous transformons notre destin et, au lieu d’avoir une attitude négative, nous adoptons un rôle positif. Toute personne qui change son karma en mission est une personne qui “adopte délibérément le karma qui convient”. C’est pourquoi, tous ceux qui ne cessent jamais d’avancer, en considérant que tout fait partie de leur mission, progressent vers leur but : la transformation de leur destin. »


Pour aller plus loin...

  • « Les nobles champions de la pratique et de l’étude », Valeurs humaines n°88, p.6.
  • « La grande voie de la victoire pour kosen rufu et dans la vie », Valeurs humaines n°77, p.6 et n°79, p.6.
  • « Se fonder sur les écrits de Nichiren Daishonin », Valeurs humaines n°80, p.6. et 81-82, p.6.

Notes

  • 1. Ou cause négative ultime.
  • 2. Le titre complet de ce sûtra est le Sûtra sur la façon de pratiquer la méditation sur le bodhisattva Sagesse-Universelle.
  • 3. Ou monde troublé.
  • 4. Ibid.

A lire dans le numéro de Valeurs humaines du mois de juillet-août 2018.
Valeurs humaines est le mensuel des associations Soka du bouddhisme de Nichiren. › Abonnement / Achat au numéro

 
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