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Ces dernières années, une nouvelle discipline scientifique passionnante a pris son essor : la paléogénétique. En analysant l’ADN extrait d’ossements anciens, cette science lève le voile sur nos origines profondes, révélant que l’histoire de l’humanité est bien plus entremêlée qu’on ne l’imaginait. Petit voyage à travers le passé de notre espèce…

 

Nous sommes tous apparentés, c’est mathématique !

Les êtres humains sont tous apparentés. Sans même avoir recours à la génétique, un raisonnement mathématique très simple permet de comprendre pourquoi. Chacun de nous a deux parents, quatre grands-parents, huit arrière-grands-parents, seize arrière-arrière-grands-parents, et ainsi de suite.

Or, ce type de progression dite “exponentielle” a un comportement surprenant, comme l’illustre la légende indienne du jeu d’échec :

Le roi Belkib, qui s'ennuyait à la cour, demanda un nouveau jeu pour le distraire. Le sage Sissa inventa alors le jeu d'échecs, ce qui ravit le roi. Pour le remercier, ce dernier demanda au sage de choisir sa récompense, aussi fastueuse qu'elle puisse être. Le rusé Sissa demanda alors de prendre un échiquier et de poser un grain de riz sur la première case, deux sur la deuxième, quatre sur la troisième, et ainsi de suite, en doublant à chaque fois le nombre de grains de riz. Le roi et la cour furent amusés par la modestie de cette demande. Mais lorsqu'ils tentèrent de la satisfaire, ils s'aperçurent qu'il n'y avait pas assez de grains de riz dans tout le royaume pour y parvenir !1

 

De même, le nombre d’ancêtres pour chaque personne double à chaque génération antérieure et devient rapidement gigantesque. Si bien qu’à partir d’un certain point dans le passé, nous ne pouvons conclure qu’une chose : nos arbres généalogiques sont superposés. Autrement dit, nous avons tous des ancêtres communs. Par exemple, toutes les personnes dont l’un des grands-parents est français comptent Charlemagne parmi leurs ancêtres… La classe !

Plus encore : en remontant suffisamment loin en arrière, nous pouvons même affirmer que tous les êtres humains partagent les mêmes ancêtres ! Par exemple, il y a environ 1000 ans, en Europe, tous les individus d’alors ayant eu une descendance sont les ancêtres de la quasi-totalité des Européens d’aujourd’hui.

 

Un brassage génétique à l’échelle planétaire

Mais comment expliquer notre parenté avec des personnes vivant à l’autre bout de la planète ? Cela s’explique par les migrations humaines, qui n’ont jamais cessé au fil de l’histoire.

Par exemple, parmi les ancêtres des européens actuels, certains viennent probablement du Caucase, eux-mêmes issus de lignées plus orientales, dont font aussi partie des populations aujourd’hui installées en Chine. D’autres viennent sans doute du Moyen-Orient, région dont les lignées sont partagées avec les populations de la Corne de l’Afrique, elles-mêmes liées aux populations subsahariennes.

Ainsi, de proche en proche, nous avons des origines dans tous les continents. Ce qui est vertigineux, c’est d’imaginer parmi nos lointains ancêtres un paysan chinois, un éleveur de rennes sibérien, un chasseur africain… C’est pourtant la réalité !

En 2022, des chercheurs du Big Data Institute (rattaché à l’Université d’Oxford, en Angleterre) sont parvenus à cartographier l'intégralité des relations génétiques entre les populations humaines à travers l’histoire.2

Cette généalogie a permis de mettre en évidence toutes les migrations et croisements entre les différentes populations humaines. Elle montre de manière frappante l’ampleur du brassage génétique entre les êtres humains à travers le temps et l’espace.

 

Ceci dit, le fait d’avoir des origines communes ne veut pas dire que nous sommes tous identiques, car tous ces ancêtres ne sont pas représentés de manière égale dans nos généalogies respectives. Par exemple, si vous êtes Camerounais, vos ascendants africains sont plus nombreux ; si vous êtes Suédois, vous avez davantage d’ancêtres européens. Par ailleurs, chaque ancêtre ne transmet pas les mêmes gènes à tous ses descendants. C’est ainsi que nous sommes à la fois tous parents et tous différents !

 

Aux racines communes de l’humanité

La paléogénétique – c-à-d la science permettant d’extraire et d’analyser l’ADN à partir de restes osseux – a également confirmé quelque chose de fondamental : toutes les populations actuelles descendent d’un même tronc commun, avec des branches entremêlées par des migrations et des métissages.

Cet arbre plonge ses racines dans la préhistoire, en Afrique, berceau de l’humanité. Homo sapiens y est apparu il y a environ 300 000 ans avant de se disperser à travers la planète. En chemin, il a rencontré et s’est parfois croisé d’autres espèces humaines, comme les Néandertaliens, les Denisoviens, et d’autres lignées d’hominidés archaïques.3

Cette longue histoire commune explique aujourd’hui la similarité génétique entre les individus. Malgré le temps et les distances parcourues, malgré l’adaptation des homo sapiens à des environnements extrêmement divers, les différences génétiques entre êtres humains restent minimes. La diversité au sein de l’humanité est bien réelle, mais elle est bien plus culturelle, linguistique et historique, que biologique.

Qu’est-ce que cela dit de nous ? Que sous la peau, au fond de nos cellules, nous portons tous l’écho d’une humanité profondément interconnectée.

 

Des liens avec l’ensemble du vivant

Et notre arbre généalogique ne s’arrête pas là… Car toutes les formes de vie sur Terre descendent d’un ancêtre commun, un organisme unicellulaire apparu il y a plus de 3,5 milliards d’années. Depuis, la vie a évolué en une infinité de formes, mais elle a conservé de nombreux traits génétiques communs. Par exemple, les mêmes gènes qui régulent le développement embryonnaire chez les humains se retrouvent, modifiés mais reconnaissables, chez les poissons, les oiseaux, voire les insectes,.

Ainsi, l’être humain partage environ 99% de son génome avec le chimpanzé, 85% avec la souris, 60% avec la mouche et 50% avec la banane !4

 

En mettant en lumière l’évolution du vivant sur notre planète, la biologie nous rappelle que nous ne sommes certainement ni séparés ni au-dessus de l’arbre généalogique du vivant, mais simplement l’une de ses branches les plus récentes. Chaque espèce, de la moindre bactérie à la baleine bleue, est une cousine plus ou moins éloignée de l’humanité. De cette compréhension découle une vérité essentielle : protéger les autres espèces, c’est aussi protéger une part de nous-mêmes.

 

Quand science et bouddhisme convergent…

• Bien avant les découvertes de la génétique, le bouddhisme a toujours enseigné que nous sommes tous reliés. Non pas dans une uniformité qui efface les différences, mais dans une interdépendance dynamique5 où chaque individu, chaque culture, chaque histoire joue un rôle unique auprès des autres.

• Soulignant la profondeur de ces liens, Nichiren Daishonin (1222-1282) écrit : « Parmi les êtres vivant dans les six voies et les quatre modes de naissance, figurent à la fois des hommes et des femmes. Et ces hommes et ces femmes furent tous à un moment donné nos parents dans nos existences passées. »6
Et également, citant le Sûtra du Nirvana : « ...même si l’on découpait toutes les plantes et tous les arbres poussant sur terre pour en faire des bâtonnets de quatre pouces, ces bâtonnets ne suffiraient pas pour compter tous les parents que l’on a eus durant toutes nos vies passées. »7

• Le philosophe bouddhiste Daisaku Ikeda (1928-2023), quant à lui, a avancé le concept d’humanisme cosmique8, qui inclut le bien-être de toutes les espèces vivantes. De plus, à travers ses écrits et ses actions, n’a eu de cesse de ramener les personnes à leur humanité commune.
Il écrit : « Quelle que soit notre culture ou notre civilisation d’origine, si chacun de nous se réfère constamment à notre humanité commune et au caractère sacré de la vie, l’humanité sera capable de résoudre les pires difficultés et les défis les plus rudes ; elle pourra engendrer une nouvelle et abondante créativité. »9

La paléogénétique nous invite à changer notre regard sur le passé. Le bouddhisme nous propose de changer notre regard sur le présent et l'avenir. Ensemble, ils révèlent que nous formons une seule et même grande famille avec l’ensemble de l’humanité et du vivant.

 
  • 1. Le nombre de grains de riz est si faramineux que la demande est en effet impossible à satisfaire. « Si l'on se base sur la production annuelle mondiale de riz (776 millions de tonnes en 2022), il faudrait environ 950 ans pour réunir tous les grains de riz nécessaires à la réalisation de ce problème. Or, si l'on considère le temps de conservation du riz qui est d'un peu plus de 30 ans, il serait en réalité impossible de fournir le riz nécessaire à ce problème. » Source : article Wikipédia Problème de l'échiquier de Sissa
  • 2. Voir : BDI researchers create largest ever human family tree (en anglais)
  • 3. Les Néandertaliens, surtout présents en Europe et en Asie occidentale, ont contribué à environ 1 à 2% de l'ADN des populations non africaines modernes (Européens, Asiatiques, etc.). Les Denisoviens, eux, étaient surtout présents en Asie centrale et du Sud-Est et ont contribué à jusqu’à 5% de l’ADN chez certaines populations d’Océanie (notamment les Mélanésiens et les Aborigènes d’Australie) et de 0,2 à 1% de l’ADN chez certaines populations d’Asie. Quant aux hominidés archaïques (non clairement identifiés à ce jour), leurs traces génétiques sont présentes chez certaines populations d’Afrique subsaharienne.
  • 4. L’exactitude de ces chiffres est discutable, mais le principe général reste toutefois valable, voir : Est-il vrai que les bananes et les humains partagent 50% de leur ADN ?
  • 5. Pour en savoir plus, lire : Engi, le principe d’origine interdépendante
  • 6. Lettre à Horen, Ecrits, 517.
  • 7. Les trois obstacles et les quatre démons, Ecrits, 642.
  • 8. Pour en savoir plus, lire : L'humanisme bouddhique en cinq points clés
  • 9. D&E-février 2008, p. 51.

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