Pour la quinzaine d’étude du mois de juin, nous évoquons le 40e anniversaire du poème offert par Daisaku Ikeda à la jeunesse française en 1981, et abordons le principe de la richesse unique de chaque individu.

Revenons à la source du courage et de l’espoir insufflés à travers le poème offert par Daisaku Ikeda à la jeunesse française le 14 juin 1981. « Un poème est une sorte de sculpture que l’on forge dans son cœur. C’est une flamme, un enthousiasme surgi de l’intérieur. Offrir un poème c’est offrir sa vie. »1


Extrait du volume 30 de La Nouvelle Révolution humaine

Le matin du 14 juin, Shin’ichi quitta son hôtel et suivit l’avenue qui longeait le jardin des Tuileries, à deux pas du musée du Louvre. Il s’apprêtait à prendre le métro, puis le RER, pour se rendre au centre bouddhique de Sceaux, comme il l’avait déjà fait la veille. Il voulait se rendre compte du trajet accompli par les pratiquants français dans leurs activités pour kosen rufu.

Après avoir descendu l’escalier du métro et avoir pénétré dans la station Tuileries, il dit aux responsables qui l’accompagnaient : « C’est aujourd’hui la première conférence des représentants de la jeunesse. J’aimerais offrir aux jeunes un poème pour célébrer leur nouveau départ. Quelqu’un pourrait-il le transcrire pour moi ? »

Shin’ichi souhaitait utiliser au mieux tous ses moments libres pour kosen rufu. Sur le quai, il dicta les vers suivants :

Maintenant vous vous dressez,
Vous, les pionniers
Du mouvement majestueux et suprême
de kosen rufu, pour dix mille ans et plus,
en brandissant la bannière de la justice,
de la liberté et de la vie.

Votre monde, c’est le XXIe siècle.
C’est la scène sur laquelle vous mènerez votre action.

Shin’ichi continua à dicter le poème dans le métro, et celui qui le prenait en note dut faire de grands efforts pour le suivre. Au bout de trois stations, à Châtelet, le groupe descendit pour prendre la correspondance avec le RER B. Shin’ichi poursuivit sa dictée, même dans le couloir, sur le tapis roulant, ou en attendant sur le quai.

Aujourd’hui,
Comme le soleil qui décline à l’horizon,
La société sombre dans le chaos.
Dès aujourd’hui,
Comme le soleil qui se lève à l’aurore,
Composons la mélodie
Et jouons la symphonie
De la paix, la culture, la renaissance.
Forts de notre sincérité,
Tissons des liens d’amitié toujours plus larges.
Dans les cœurs de tous, rallumons l’espoir,
Faisons revivre la joie,
Chez les personnes âgées, chez ceux qui souffrent,
Auprès des êtres plongés dans l’aýiction,
Et près de ceux qui cherchent
Le véritable sens de la vie.
Inlassablement, avançons !

Shin’ichi imaginait les jeunes luttant avec fierté pour kosen rufu dans le siècle à venir :

Impatient, le XXIe siècle
Attend votre venue,
Vous qui brandissez de la main droite l’étendard de la bienveillance
Et de la main gauche, celui de la philosophie,
Tels des cavaliers chevauchant de blancs coursiers.

Shin’ichi acheva le poème, peu après être entré dans le RER. Il avait mis au total une dizaine de minutes pour le composer. Celui qui l’avait pris en note s’empressa de le recopier au propre. Shin’ichi relut et apporta quelques corrections. C’est à ce moment précis que quelqu’un s’écria : « Sensei ! »

Trois jeunes Français se tenaient devant lui. Il se trouve qu’ils venaient de Bretagne, à quelques centaines de kilomètres de là, et se rendaient au centre bouddhique de Sceaux. « Merci d’avoir fait un si long voyage, leur dit Shin’ichi. J’espère que ça ne vous a pas trop fatigués. »

Ces paroles chaleureuses étaient le fruit de son désir constant d’accorder la plus grande valeur aux jeunes. Les jeunes sont l’espoir ; ils sont les trésors de la société.

Une jeune femme, qui faisait partie de ce groupe de trois personnes, dit à Shin’ichi : « J’ai commencé à pratiquer le bouddhisme il y a un an. Je suis la seule pratiquante dans la ville où j’habite et il me faut plusieurs heures pour aller en réunion de discussion. Comment faire pour élargir le cercle de personnes qui pratiquent le bouddhisme dans mon environnement ? »

Shin’ichi répondit sans hésiter : « Ne vous inquiétez pas, votre seule présence suüt. Tout commence par une seule personne. Faites-vous apprécier par tous ceux qui vous entourent. C’est la clé. Les gens aiment se placer sous un grand arbre pour bénéficier de l’ombre offerte par son feuillage sous le soleil d’été, ou pour se protéger de la pluie les jours de mauvais temps. Puisque vous pratiquez ce bouddhisme, quand vous serez devenue une personne appréciée et bénéficiant de la confiance de tous, les autres en viendront tout naturellement à avoir une vision positive du bouddhisme. Vous aurez alors l’occasion de partager son enseignement avec eux. Efforcez-vous de vous développer, devenez un grand arbre majestueux pour le bien de votre environnement. »

Shin’ichi acheva ensuite la correction de son poème juste avant la station de RER Sceaux, située à côté du centre bouddhique. Il l’intitula À mes jeunes amis français si chers à mon cœur qui se consacrent à la Loi merveilleuse. Dès son arrivée au centre, plusieurs pratiquants entreprirent de traduire le poème en français. Shin’ichi participa d’abord à une réunion avec le président de la conférence de la SGI-Europe, Eiji Kawasaki, et d’autres responsables. « Puisque la première réunion des représentants de la jeunesse doit avoir lieu aujourd’hui, leur dit-il, pourquoi n’appellerions-nous pas ce jour “Jour du département de la jeunesse française” ? Qu’en pensez-vous ? » […]

Puis un responsable des jeunes hommes se mit à lire À mes jeunes amis français si chers à mon cœur qui se consacrent à la Loi merveilleuse d’une voix sonore. Tout le monde écouta ce poème, tel un cri jailli du cœur de Shin’ichi.

On pouvait voir briller dans les yeux des jeunes pratiquants français, la détermination de s’élancer dans le grand voyage vers le nouveau siècle.

Mes jeunes amis,
Qui êtes aujourd’hui deux cents ici rassemblés,
Dressez-vous sur la cime magnifique
De la seconde étape de kosen rufu en France.
Et que retentissent un concert
D’applaudissements
Et l’hymne de la victoire !
Décidons d’atteindre ce but
Le 14 juin de l’an 2001.
Oui, ce sera le 14 juin 2001.

[…] Shin’ichi déploya ensuite toute son énergie dans des rencontres informelles avec des pratiquants où il leur parla de la foi. Il s’efforça tout particulièrement de dialoguer avec des jeunes à propos des bases de la foi et de la façon de vivre correcte pour un bouddhiste. Il voulait encourager toutes les personnes présentes afin qu’elles deviennent des responsables de grande valeur au XXIe siècle. C’est pour cela qu’il s’exprimait avec tant de ferveur, en y mettant tout son cœur.

Au cours d’une de ces réunions, Shin’ichi déclara :
« Le bouddhisme de Nichiren enseigne que vous êtes tous des personnes d’une grande noblesse dotées d’une mission unique pour kosen rufu en tant que bodhisattvas sortis de la terre. Si vous vous éveillez à cette mission, vous pourrez manifester pleinement tout votre potentiel. »

Kosen rufu ne peut s’accomplir que grâce à la force de l’unité. Pour créer l’unité, l’attitude envers les autres est essentielle. Shin’ichi Yamamoto voulait aborder le concept de l’unité sous l’angle du bouddhisme, qui considère que chaque personne est dotée d’une mission unique.

« Bien que tout le monde possède également une mission pour kosen rufu, chacun joue un rôle différent. Par exemple, quand on construit une maison, certains s’occupent des fondations, d’autres de la charpente, d’autres encore de la décoration intérieure… Chacun assume ainsi une part de responsabilité et tous les corps de métiers œuvrent ensemble à construire une magnifique maison. De même, la grande tâche de kosen rufu ne peut s’accomplir que si les différents responsables travaillent en équipe et agissent ensemble, en exprimant leurs qualités et talents personnels dans leurs sphères respectives. »

(La Nouvelle Révolution humaine, vol. 30, partie 1, Acep, p. 427-433.)


Extrait de La Sagesse pour créer le bonheur et la paix

Un jeune homme, qui hésitait à se lancer dans la pratique du bouddhisme de Nichiren, expliqua que, pour lui, s’engager dans une religion revenait à se conformer à des critères de comportement imposés de l’extérieur et à sacrifier ainsi sa propre individualité. En réponse à cette appréhension, Daisaku Ikeda donna l’explication suivante :

« Le bouddhisme de Nichiren enseigne le principe [évoquant] “le cerisier, le prunier le pêcher et le prunier de Damas”. Un cerisier est un cerisier ; un pêcher, un pêcher. Nous ne sommes pas tous amenés à être des cerisiers ; de même que les arbres s’épanouissent de la façon qui leur est propre, nous devrions nous efforcer de vivre de la manière la plus naturelle qui soit. Tel est le but de notre pratique bouddhique. Nichiren souligna aussi que notre identité essentielle n’est pas “quelque chose qui a été façonné ou amélioré mais qu’elle a toujours existé ainsi”2. Il est bien d’être vraiment ce que vous êtes. Vous êtes digne de respect tel que vous êtes. Vous prendre pour ce que vous n’êtes pas ou adopter de grands airs ne pourraient en fait que vous diminuer et vous affaiblir.

Cela dit, il y a une différence entre “être ce que vous êtes” et “rester comme vous êtes”. Si vous vous contentez de rester comme vous êtes, vous ne connaîtrez ni croissance, ni développement. En vous demandant profondément qui vous êtes vraiment et quel est votre but dans la vie, et en faisant sans cesse des efforts pour vous lancer inlassablement des défis, vous parviendrez à faire s'épanouir la fleur de votre mission dans la vie. Voilà ce qui se passe lorsque l'on met en pratique le principe du cerisier, du prunier, du pêcher et du prunier de Damas.

Pour vivre de manière authentique, en étant fidèle à vous-même, vous devez accomplir votre révolution humaine – c'est-à-dire continuer à vous développer au niveau le plus profond. Si, pour emprunter vos mots, vous vous “accordez” avec le “critère” qui consiste à faire sa révolution humaine, vous pourrez très probablement mener la jeunesse la plus significative possible. »

Peu après avoir entendu cet encouragement plein d'aplomb, le jeune homme décida de s'engager au sein de la Soka Gakkai.

Chacun de nous possède en lui, telle une graine endormie, le potentiel pour remplir une mission unique et importante dans la vie. Le but de la vie est de faire germer cette graine afin qu'elle s'épanouisse au maximum. Daisaku Ikeda a dit que la foi dans la Loi merveilleuse consiste à « ne pas envier les autres, ni à se déprécier. Cela veut dire vivre en étant fidèle à soi-même et accomplir la mission unique qui nous est propre, de la façon unique qui nous correspond. Cela signifie aussi devenir une personne que vous pouvez vous-même respecter et dont vous pouvez être fier. »

(La Sagesse pour créer le bonheur et la paix, vol 2, « La révolution humaine », partie 1 , chap. 12, Acep, p. 163-164)


Pour aller plus loin

La Sagesse pour créer le bonheur et la paix, vol. 2, « La révolution humaine », partie 1, Acep, p. 163-191.

Notes

  • 1. Valeurs humaines, hors-série n° 1, p. 13
  • 2. OTT, 141.

A lire dans le numéro de Valeurs humaines du mois de mai 2021.
Valeurs humaines est le mensuel des associations Soka du bouddhisme de Nichiren. Abonnement / Achat au numéro

 
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