Pour la quinzaine de l’étude de juin 2022, nous vous proposons d’approfondir la notion d’humanisme pacifique propre à la voie bouddhique.


INTRODUCTION

Éveiller l’état de bouddha noble et universel et faire de la révolution humaine la force motrice d’une paix véritable dans le monde, telle est la voie d’un nouvel humanisme porté par le bouddhisme de Nichiren et la Soka Gakkai internationale (SGI).


Extrait de La Sagesse pour créer le bonheur et la paix

Dans la société humaine, c’est le pouvoir de l’humanisme qui exerce la force la plus profonde à long terme. Mais quelle définition de l’humanisme devrions-nous adopter ?

L’évolution du concept d’humanisme peut être analysée à partir de différentes perspectives. La tradition de l’humanisme individualiste se développa en Occident au cours de la Renaissance et de la Réforme protestante, et devint finalement le fondement éthique de la société civile à l’ère moderne. Dans la seconde moitié du xixe siècle, au fur et à mesure que les contradictions et les limites de ce mode d’humanisme se manifestèrent plus clairement, l’attention se tourna vers l’expérimentation de l’humanisme socialiste. Tandis que ces différentes formes d’humanisme se succédaient en libérant l’humanité de la servitude médiévale de l’Absolu, l’humanité libérée se trouva piégée par son propre égotisme, par ce que le bouddhisme appelle le « moi inférieur ». L’humanité s’est assujettie aux diktats du désir et de ses gratifications, en entraînant dans son sillage la complexité des problèmes qui assaillent le monde d’aujourd’hui, comme la détérioration des liens au sein de la société et des communautés, la dégradation de l’environnement, l’écart croissant entre les riches et les pauvres. L’émergence d’un grand nombre de courants fondamentalistes illustre les profondeurs d’une crise qui entrave notre monde dit post-idéologique. […]

Ici, j’aimerais recommander une nouvelle forme d’humanisme à caractère cosmologique, qui inclut l’être humain tout entier dans sa dimension universelle, en tant que moyen de dépasser les limites existantes de l’humanisme et d’ouvrir la voie à suivre pour aller de l’avant. […]

La première disposition d’un nouvel humanisme doit être une injonction absolue à ne pas ôter la vie à un être humain. Quelles que soient sa logique ou sa raison d’être la justice, [lorsqu'elle est] accompagnée de violence et d’assassinats, est vide et fausse. Quelle est donc la faiblesse sous-jacente aux différentes sortes d’humanisme qui ont prévalu jusqu’à maintenant ? En termes simples, il s’agit de la méfiance envers autrui. La méfiance envers l’être humain, quand elle est dirigée contre soi, provoque un sentiment d’impuissance. Lorsqu’elle est dirigée vers les autres, elle prend la forme d’un rejet du dialogue et, en fin de compte, de la violence. La méfiance nourrit la méfiance. La haine nourrit la haine. Comment briser ce cycle mortel ? La réponse réside dans un « humanisme cosmique » – un humanisme fondé sur une vision du cosmos qui s’étend à l’infini, une vision du monde à travers laquelle l’individu ne fait qu’un avec l’univers dans son ensemble, qui s’élargit et se développe avec lui, et qui mérite par conséquent le plus profond respect.

[L’enseignement du Sûtra du Lotus] enseigne aux gens comment se libérer de leurs attachements aux différences et les invite à prendre conscience de la « grande terre de la vie » qui nous soutient tous. Quand nous reconnaissons ce dénominateur commun, les différences cessent d’être une cause de conflit et, à l’inverse, servent à enrichir nos expériences de vie.

(Extrait de (La Sagesse pour créer le bonheur et la paix, vol. 3, partie 2/2, Acep, p. 171-174.)


Extrait du volume 19 de La Nouvelle Révolution humaine

Le bouddhisme de Nichiren, qui considère la vie comme digne du plus grand respect, est l’enseignement affirmant le caractère sacré de la vie. C’est pour cela qu’il est la source d’un nouvel humanisme.

Les êtres humains prônent généralement la paix et défendent le caractère sacré de la vie. Mais la vie humaine est trop souvent bafouée et sacrifiée au nom d’un pays, d’une idéologie, de différences ethniques ou religieuses, ou du fait de la haine, de la jalousie et des discriminations. Quel que soit le nombre de gens qui affirment que la vie est précieuse, s’ils ne s’appuient pas sur la croyance fondamentale que la vie mérite le plus grand respect, alors il est probable que la vie finira par devenir un simple moyen pour parvenir à une fin. Le poète bolivien Franz Tamayo a écrit : « Tout dans le monde n’existe que pour servir la cause de la vie, et toutes les philosophies, religions, arts, sciences et autres ne sont que ses employés et serviteurs. » L’humanité doit adopter ce mode de pensée.

Elle a besoin d’une philosophie solide ancrée dans la dignité suprême de la vie. L’enseignement bouddhique, selon lequel l’état de bouddha existe dans notre propre vie et que la vie est ce qui mérite le plus grand respect, représente un socle solide pour établir le principe du caractère sacré de la vie et engendrer une philosophie de paix et d’humanisme.

Shin’ichi avait choisi pour mission de transmettre cette philosophie de vie au monde, en tant qu’héritage commun de l’humanité, pour réaliser la paix.

(La Nouvelle Révolution humaine, vol. 19, Acep, p. 250 et 251.)


Extrait de La Sagesse pour créer le bonheur et la paix

Dans les Enseignements oraux, Nichiren déclare : « Quand, dans les quatre états – naissance, vieillesse, maladie et mort –, nous récitons Nam-myoho-renge-kyo, nous les amenons à exhaler le parfum des quatre vertus. » (OTT, 90)

Les quatre vertus ou quatre nobles qualités de la vie du Bouddha – éternité, bonheur, véritable soi et pureté – désignent l’état suprême que nous pouvons atteindre en tant qu’êtres humains, un état de liberté et de bonheur absolus.

• Le « véritable soi » désigne un état de liberté aussi vaste que l’univers, dans lequel nous pouvons goûter notre vrai soi, le grand soi.
• L’« éternité » désigne le dynamisme de la vie qui se renouvelle sans cesse, l’évolution créatrice de la vie, qui brise toute forme de stagnation.
• La « pureté» désigne l’action de purifier l’égoïsme étroit de notre petit ego grâce à la puissante force vitale de notre grand soi.
• Et le « bonheur » désigne la joie de vivre qui vibre de façon dynamique à chaque instant ; cela revient aussi à nous épanouir totalement et à insuffler ainsi de la joie à tous ceux qui nous entourent.

Illuminé par la Loi merveilleuse, le caractère d’une personne va alors s’ancrer fermement dans le « grand soi », un état de liberté illimité qui se répand dans tout l’univers et apporte même une transformation qualitative de l’énergie des désirs terrestres centrés sur le « petit ego » narcissique. En d’autres termes, l’énergie des désirs terrestres peut être élevée et transformée en une sagesse et une compassion éclatantes ; elle peut être puissamment redirigée vers un niveau plus élevé, qui transcende l’individu et apporte des bienfaits aux autres, à l’environnement, et à la société en général.

(La Sagesse pour créer le bonheur et la paix, vol. 3, partie 2/2, Acep, p. 37-38. Un texte adapté de La Nouvelle Révolution humaine, vol. 17, chapitre « Le grand bastion ».)


Extrait du volume 30 de La Nouvelle Révolution humaine

Prenant à peine le temps de se reposer, Shin’ichi quitta de nouveau le Japon le 9 mai (1981) pour se rendre en Union soviétique. […]

L’Union soviétique, sa première destination, faisait à l’époque l’objet d’une condamnation unanime à l’échelle mondiale du fait de son invasion de l’Afghanistan, en décembre 1979. Plus de soixante nations avaient boycotté les jeux Olympiques d’été de Moscou, en signe de protestation, et le pays se trouvait dans une situation extrêmement difficile sur le plan international.

Mais Shin’ichi était convaincu qu’il ne fallait pas fermer la voie du dialogue en ne se focalisant que sur les questions politiques. Dans cette période de grands défis, il fallait avant tout mettre l’accent sur la culture et l’éducation et faire le maximum d’efforts pour mener des échanges entre les peuples afin d’encourager la compréhension mutuelle. […]

Shin’ichi se rendit à la bibliothèque d’État de littérature étrangère de toute l’Union, pour y rencontrer sa directrice, Ludmilla Gvishiani, la fille du défunt Premier ministre, Alexis Kossyguine. […] Elle évoqua alors le jour où son père avait rencontré pour la première fois Shin’ichi : « […] il m’a dit : “Aujourd’hui, j’ai rencontré un Japonais tout à fait exceptionnel et vraiment très intéressant. J’ai été heureux d’avoir avec lui une discussion des plus rafraîchissantes bien que nous ayons abordé des questions complexes.” Il m’a aussi demandé de prendre bien soin des livres que vous lui aviez offerts. J’ai voulu vous remettre un cadeau en retour. J’en ai parlé avec le reste de ma famille et nous avons décidé de vous offrir ceci. »

Elle remit alors à Shin’ichi un vase de cristal que le Premier ministre Kossyguine avait reçu à l’âge de 60 ans, lorsqu’il avait reçu le titre civil le plus élevé du pays, celui de Héros du travail socialiste. Elle lui offrit aussi deux livres avec une reliure de cuir, les derniers écrits du Premier ministre, restés dans son bureau jusqu’à sa mort. « On peut encore sentir sur ces livres la chaleur des mains de mon père. En son nom, j’aimerais vous les offrir. — Ces cadeaux sont les symboles d’une amitié très profonde et éternelle, dit Shin’ichi pour exprimer sa reconnaissance. Je ferai part de cette amitié à mon retour au Japon. Je prie pour le bonheur de tous les membres de votre famille. »

La paix mondiale consiste d’abord à réunir le cœur des gens. Quand nous concentrons notre attention sur les êtres humains et sur la paix, nous pouvons nous élever au-delà des différences de systèmes politiques et d’idéologies, pour nous comprendre mutuellement, et éprouver de l’empathie les uns pour les autres, formant ainsi de profondes amitiés. […] Tous les êtres humains désirent fondamentalement la paix. […]
« Toute l’humanité espère que la guerre sera évitée, dit Shin’ichi au Premier ministre Tikhonov. […] Plutôt que de se focaliser sur l’adoption de traités, dit-il, je sens qu’il est nécessaire que votre pays s’engage dans des échanges culturels avec le Japon pour mieux comprendre le cœur du peuple japonais et renforcer la confiance mutuelle. »

[…] Il appela aussi à une rencontre entre les dirigeants américains et soviétiques dans ses propositions pour la paix de 1983 et 1985, émises le 26 janvier, Jour de la SGI. Beaucoup de gens étaient très préoccupés par les graves tensions permanentes entre les deux pays. Quand Mikhaïl Gorbatchev devint secrétaire général en 1985, il s’engagea sur la voie de la fin de la guerre froide. […] En 1990, Shin’ichi rencontra Gorbatchev, devenu alors le premier président d’Union soviétique. Ils ne cessèrent jamais de renforcer les liens d’amitié durable qui les unissaient et publièrent ensemble un dialogue intitulé Dialogue pour la paix1.

(Extrait de La Nouvelle Révolution humaine, vol. 30, partie 1, Acep, p. 337-347.)


Pour aller plus loin...

• Daisaku Ikeda, La Sagesse du Sûtra du Lotus, volume 1, chap. 6, « L’art subtil d’une éducation humaniste », Acep, p. 113-138.
La Nouvelle Révolution humaine, vol. 5, Acep, p. 16-17.


Ce support est à retrouver dans le numéro de Valeurs humaines du mois de mai 2022.
Valeurs humaines est le mensuel des associations Soka du bouddhisme de Nichiren. Abonnement / Achat au numéro


Note

  • 1. Mikhaïl Gorbatchev et Daisaku Ikeda, Dialogue pour la paix, Éditions du Rocher, 2001, pour la version française.
 
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