Situées près de Dunhuang, dans la province chinoise de Gansu, en marge du désert de Gobi, les grottes de Mogao, “grottes d'une hauteur inégalée”, forment un ensemble de 492 temples bouddhistes.
Les temples du site de Mogao ont été élaborés dans 492 grottes, creusées dans la paroi rocheuse par des moines, à partir du IVe siècle. Les premières grottes n'étaient pas plus grandes que des cercueils. Des communautés monastiques commencèrent vite à percer des cavités plus grandes pour des actes de dévotion publique, et à orner les sanctuaires d'effigies de Bouddha. C'est de ces premières grottes que vient le nom “grottes des mille bouddhas”, qu'on appelle aussi grottes de Dunhuang. Certaines abritent des statues de Bouddha de très grande dimension, d'autres renferment des fresques qui représentent des vies antérieures du Bouddha (jataka), mais également la vie quotidienne des moines, les portraits de donateurs, ou des scènes inspirées par les sûtras.
Des peintures décrivant les enseignements du Sûtra du Lotus
Les fresques de la grotte n°85 dépeignent par exemple vingt-quatre des vingt-huit chapitres du Sûtra du Lotus. L'objet de ces fresques était de faciliter la compréhension et la diffusion des enseignements du Sûtra du Lotus, même auprès d'une population illettrée. Ces peintures comprennent cent six légendes qui expliquent brièvement le contenu des chapitres comme “l'Assemblée au pic de l'Aigle” dans le premier chapitre ou “la Cérémonie dans les Airs” dans le deuxième. Les peintures décrivent des événements successifs sur un décor unifié. Ainsi, on peut trouver, dans le même tableau, la même personne apparaissant plusieurs fois, indiquant les changements de temps.
Une resserre aux trésors
Ces grottes constituaient des lieux de culte d'une grande importance, sur la route de la Soie. Leur réalisation s'est étalée sur une longue période allant du IVe au XIVe siècle, avec un point culminant sous la dynastie des Tang, entre le VIIe et le Xe siècle. C'est d'ailleurs de cette époque que datent les plus belles grottes. Ce sont probablement les plus anciennes grottes recouvertes de peintures murales de Chine, depuis l'antiquité, après les grottes de Kizil (autre site également appelé “grottes des mille bouddhas”) au nord-ouest de la Chine.
Au cours de l'année 1900, une petite grotte murée fut découverte de façon accidentelle ; elle se révéla contenir plusieurs dizaines dizaines de milliers de manuscrits, de statuettes et d'objets divers, souvent vieux de plus de mille ans. Une grande partie de ces trésors culturels ont été achetés par des explorateurs occidentaux, en particulier Aurel Stein1 et Paul Pelliot2.
› Galerie
- La pagode de sept étages de la cave n°96, Mogao. [Photo © D-Stanley / Flickr CC BY 2.0]
- Cave n°220, début de la dynastie Tang, c. 618―704. [Photo © emperornie / Flickr CC BY-SA 2.0]
- Bouddha souriant, cave n°259, Mogao, Ve siècle. [Photo © D-Stanley / Flickr CC BY 2.0]
- Bouddha Tejaprabha (“Éclat de feu”), cave n°61, Mogao. [Photo © thetempletrail / Flickr CC BY-ND 2.0]
- Bouddha assis dans le sanctuaire principal, avec un groupe de moines et de protecteurs, statues peintes, cave n°45. [Photo © thetempletrail / Flickr CC BY-ND 2.0]
- Cave n°85, fin de la dynastie Tang, c. 848–907. [Photo © Dunhuang Academy]
Notes
- 1. ↑ Aurel Stein (1862-1943) : archéologue et explorateur britannique d'origine hongroise dont les expéditions ont révélé l'existence de nombreux sites dans des régions réputées inaccessibles.
- 2. ↑ Paul Pelliot (1878-1945) : linguiste, explorateur, diplomate, attaché militaire et académicien français. Voir : Paul Pelliot, le “Mandarin français”
A lire dans le numéro de Valeurs humaines n°65, mars 2016, p.26.
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