Cartes des lieux clés de la vie du Bouddha. [DR]

L’Inde est le pays du Bouddha Shakyamuni, le point d'origine d'où la Loi bouddhique est partie pour se répandre dans le monde entier. Voyage à travers les hauts-lieux du bouddhisme, sur les pas du Bouddha, pour mieux revenir dans l’“ici et maintenant”...

Quatre « lieux sacrés » de la vie du Bouddha

Bodhgaya, lieu de l'éveil du Bouddha, fait partie des quatre lieux particulièrement visités de l’Inde. Dans ce site s’élève aujourd’hui l’arbre de la bodhi, un Ficus religiosa, qui serait un descendant de l’arbre originel au pied duquel Shakyamuni, triomphant des armées du démon, parvint à l’éveil.

• Le Bouddha parcourut ensuite plus de deux cents kilomètres vers l’ouest, pour atteindre Sarnath, ou le parc aux Gazelles, le lieu du premier sermon de Shakyamuni et, par là, le lieu de naissance de la communauté bouddhique, ou sangha en sanskrit. C’est aussi, symboliquement, le lieu où le Bouddha mit en branle la roue de la Loi.1 Détruit quelques siècles après la disparition du Bouddha, Sarnath a rejailli de terre, si l’on peut dire, grâce aux fouilles archéologiques dirigées par l’archéologue britannique Lord Cunningham, au XIXe siècle. Par la suite, un bouddhiste sri-lankais, Anagarika Dharmapala, contribua largement à lui rendre son rayonnement.

C’est ainsi que l’on voit aujourd'hui s’élever, telles des tours de pierre, deux grands stûpas qui contiennent des reliques du Bouddha, mais aussi un pilier sur lequel figure une inscription du roi Ashoka appelant à l’harmonie au sein de la communauté bouddhique. Le reste de la colonne, notamment son sommet, est exposé dans le musée archéologique de Sarnath : quatre lions gardant les quatre points cardinaux qui sont devenus l’emblème de l’Inde. Sur la colonne d'Ashoka, ils sont surmontés par la roue de la Loi composée de trente-deux rayons. Ils correspondent aux trente-deux traits distinctifs du Bouddha.

Sarnath paraît, de nos jours, un havre de paix, presque bucolique par comparaison avec la toute proche Varanasi, autrefois dénommée Bénarès, au bord du Gange, ville sainte des hindous où se pressent des millions de pèlerins. En son temps, le Bouddha se rendit souvent à Bénarès et y fit quelques-uns de ses premiers adeptes, notamment le fils d’un riche marchand de la ville, qui répondait au nom de Yasa. En un sens, le Bouddha combattit certains aspects négatifs du brahmanisme qui prédominait alors, notamment le système des castes, mais il sut aussi intégrer dans son enseignement les dieux du panthéon brahmane qui se métamorphosèrent, au sein du bouddhisme, en fonctions protectrices de l’univers.

• Troisième « lieu sacré » : Kushinagar, le lieu du nirvana, le lieu de la mort – dans le sens de l’extinction des désirs – pour un certain nombre d’écoles bouddhiques. Deux stupas se dressent à l’endroit où le Bouddha fut incinéré et, à quelques kilomètres de là, dans un petit village, une énorme pierre marque l’endroit où un forgeron lui offrit son dernier repas.

• Il semble que le Bouddha voulait alors se rendre à Lumbini, son lieu de naissance et quatrième « lieu sacré », situé aujourd’hui hors des frontières de l’Inde, dans le tout proche Népal. Un arbre immense occupe l’emplacement où sa mère, la reine Maya, lui donna naissance avant de mourir. Pour le reste, la région semble presque désertique et l’on voit au-delà une sorte de savane prolongée, plus au nord, par les contreforts de l’Himalaya.

Regroupés au nord de l’Inde dans les Etats actuels de l’Uttar Pradesh et du Bihar, ainsi qu’au Népal, tous ces lieux se situent dans un périmètre de quelques centaines de kilomètres du nord au sud et d’est en ouest. Si l’on se souvient que, en son temps, le Bouddha se déplaçait à pied, ces distances semblent considérables.

Le Pic de l'Aigle à Rajgir

Outre ces quatre sites majeurs, d’autres sont également honorés, dont certains revêtent pour les pratiquants du bouddhisme de Nichiren un sens particulier. Ainsi, dans l’ancienne capitale du Magadha, Rajagriha – devenue Rajgir aujourd’hui –, s’étend l’ancien bosquet de bambous où le Bouddha enseigna, ainsi que la grotte qui abrita le Premier Concile où tous les sûtras furent compilés après sa disparition. A Vaishali, le Bouddha prononça son dernier sermon et c’est aussi là que se réunit le Deuxième Concile, marqué par la scission entre Mahayana et Hinayana. On peut encore s’arrêter à Patna, autrefois Pataliputra – dont le roi Ashoka fit sa capitale – ou à Sravasti, lieu de refuge du Bouddha durant la saison des pluies. Là, dans le monastère Jetavana qui lui avait été offert par l’un de ses riches disciples, il délivra bon nombre de ses enseignements.

En février 1961, lors de son premier voyage en Inde en compagnie du grand patriarche Nittatsu Shonin, Daisaku Ikeda choisit de se rendre plus particulièrement à Bodhgaya où il fit enterrer officiellement, non loin de l’arbre de l’Éveil, une plaque appelant à la paix en Asie. La SGI-Inde joue, depuis, un rôle considérable pour faire revivre le bouddhisme dans son pays d’origine, conformément aux paroles de Nichiren Daishonin qui annonçait que, après s’être propagé d’ouest en est, le bouddhisme allait se propager d’est en ouest.

Le pic de l’Aigle, lieu de l’enseignement du Sûtra du Lotus

Terminons par le pic de l’Aigle. On peut accéder à son sommet par une courte marche d’une demi-heure environ. Certains l’appellent la « Colline de l’Aigle » ou la « Colline du Vautour ». Il doit son nom à la forme du rocher qui s’élève à son sommet. De là, on domine un paysage boisé. Ici fut enseigné pendant huit ans le Sûtra du Lotus. Ici eut lieu la fameuse « Cérémonie dans les Airs ».2 Naturellement, on imagine mal sur cette douce pente et sur cette petite esplanade, au sommet, des millions de bodhisattvas, et cela nous confirme le caractère quelque peu symbolique de ces nombres gigantesques. Si ce pic de l’Aigle, avec ces quelque quatre cents mètres d’altitude, n’est pas aussi impressionnant que les hauts sommets de l’Himalaya, il nous rappelle que le véritable sommet de l’Éveil se trouve en nous-même.

Aussi n’est-il pas nécessaire, pour devenir bouddha, de se rendre sur les lieux mêmes où vécut l’Éveillé, l’Honoré du monde, le Bienheureux, l’Ainsi-venu, comme le dénomment toutes les écoles bouddhiques du monde. Nichiren Daishonin enseigne que ce voyage au pic de l’Aigle, le pratiquant du Sûtra du Lotus peut l’effectuer symboliquement tous les jours, en priant devant son gohonzon. C’est d’ailleurs ce à quoi nous invite Nichiren Daishonin lorsqu’il écrit :

L’endroit où nous résidons et pratiquons l’enseignement du Véhicule unique, quel qu’il soit, devient la cité de la lumière éternellement paisible. Sans avoir à se déplacer d’un seul pas, nos disciples et nos bienfaiteurs laïques peuvent apercevoir le pic de l'Aigle en Inde, en un jour ou en une nuit, atteindre la Terre de la lumière éternellement paisible existant depuis toujours, et revenir. Je ne peux exprimer la joie que me procure cette pensée.
L&T-VII, 34.

Lorsqu’il se rendit au pic de l’Aigle, lors de son voyage en Inde en 1961, Daisaku Ikeda commenta ce passage ainsi : « L’endroit où l’on suit Nichiren Daishonin et pratique la Loi merveilleuse, en luttant avec passion pour kosen rufu, est la Terre pure de la lumière éternellement paisible. L’essence du bouddhisme ne se trouve pas dans un lieu lointain, il est dans l’ici et maintenant. »3


Par Marc Tardieu, 3e Civ', nov. 2009, n°579.

Notes

  • 1. Lorsque, après avoir atteint l’Éveil, Shakyamuni décida de transmettre son expérience, on dit symboliquement qu’il mit en marche la roue de la Loi.
  • 2. Cérémonie dans les Airs : assemblée décrite dans le Sûtra du Lotus, au cours de laquelle tous les participants s’élèvent et flottent dans l’espace au-dessus du monde saha. Shakyamuni transmet, au cours de cette cérémonie, l’essence de ce sûtra aux bodhisattvas sortis de la terre.
  • 3. D&E-février 2007, 58.

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