Valérie Cabanes, Un nouveau droit pour la Terre, pour en finir avec l'écocide, Seuil, 2016, 368 pages, 20 euros. [DR]

Dans son livre Un nouveau droit pour la Terre, pour en finir avec l'écocide, Valérie Cabanes, juriste en droit international spécialisée dans les droits humains, dénonce l'impact néfaste de la technologie sur l'environnement.

Avec l'esprit d'analyse d'une femme de terrain, Valérie Cabanes liste les dégâts quasi irréversibles « des technologies dévastatrices » pour les écosystèmes tels les hydrocarbures, les déchets toxiques de la plasturgie et de l'extraction minière, les méga-barrages, l'industrie agroalimentaire... Une démonstration pénétrante que « la planète a atteint ses limites ».

Au cours d'un dialogue avec l'astronome Chandra Wickramasinghe1, Daisaku Ikeda aborde la conception bouddhique de la nature : « Le maître chinois Miaole2 (...) déclara que, bien que la vie et son environnement soient des phénomènes distincts, essentiellement ils ne font qu'un. (...) Ce principe explique que la destruction de l'environnement extérieur équivaut en elle-même à l'écroulement de sa propre vie et que l'écroulement intérieur des individus conduit, invariablement, à la destruction de leur environnement. C'est une puissante injonction à changer notre mode de vie lui-même. »

Valérie Cabanes, également porte-parole du mouvement End Ecocide on Earth3, souligne comment il serait possible d'utiliser le droit international actuel de manière contraignante, pour poser des limites et condamner les pollueurs responsables, qui bénéficient encore d'une impunité quasi totale. Elle rappelle que les premieres populations menacées par les dommages causés à l'environnement sont celles qui « disent appartenir à une terre, et non l'inverse », qui « se perçoivent comme gardiennes d'un environnement naturel, en symbiose avec celui-ci dans une relation d'interdépendance ».

Elle affirme : « Les actes d'écocide (...) sont une menace à la survie de l'espèce humaine elle-même car ils participent à la transgression des limites planétaires. »4

Sa forte conviction est que le droit pénal international deviendrait puissant à condition qu'il puisse statuer de façon indépendante. Éveillée et lucide, elle prévient : « Pour relever ce défi qui va bousculer notre zone de confort, il nous faudra (...) nous relier à [la nature] pour sentir que nous sommes Un et que sa souffrance est intimement la nôtre. (...) Au final, notre définition du bien-être, voire du bonheur, devrait s'en trouver modifiée. »5

A l'aide de propositions concrètes, l'auteur lance un cri du coeur pour la paix. Son livre, nourri de ses combats, nous interpelle avec passion. C'est en femme sensible que Valérie Cabanes agit, sans se laisser impressionner par ceux encore identifiés comme « puissants » sur cette planète.


A lire dans le numéro de Valeurs humaines n°83, septembre 2017, p. 34. Valeurs humaines est le mensuel des associations Soka du bouddhisme de Nichiren. › Abonnement / Achat au numéro

Notes

  • 1. Bouddhisme et science, L'Harmattan, 2011, p. 239. Première publication en anglais en 1998.
  • 2. Miaole (711-782), maître bouddhiste chinois de la lignée du Sûtra du Lotus.
  • 3. End Ecocide on Earth (EEE) : mouvement citoyen visant à faire reconnaître le crime d'écocide comme crime pouvant être poursuivi devant la Cour pénale internationale.
  • 4. Un nouveau droit la Terre, pour en finir avec l'écocide, p. 311.
  • 5. Ibid., p. 326-327.
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