Solutions locales pour un désordre global, film documentaire de Coline Serreau, 2010.

Au-delà des documentaires qui alertent sur l’état de l’agriculture mondiale et la destruction de la biodiversité, ce film de Coline Serreau donne la parole à ceux qui inventent des systèmes de production agricole respectueux de la terre.

On connaît Coline Serreau pour son film Trois hommes et un couffin (1985) ou La Crise (1992). Son penchant pour l’écologie apparaît déjà, dans La Belle Verte (1996), Avec Solutions locales pour un désordre global, la réalisatrice choisit le documentaire, pour nous faire découvrir de nouveaux systèmes de production agricoles garantissant une sécurité alimentaire pérenne.

Pendant trois ans, elle a voyagé en Inde, au Brésil, en Ukraine, en Suisse, et interviewé des agriculteurs, mais aussi des économistes, des philosophes, des agronomes... tous amoureux de la terre. Une terre dévitalisée par les semenciers et des techniques modernes de production visant d’abord la productivité. Ces hommes et ces femmes se battent et proposent des réponses concrètes aux défis écologiques d’aujourd’hui.

Redonner vie aux terres maltraitées

Parmi eux, Pierre Rabhi, l’un des pionniers de l’agriculture écologique. Depuis les années 80, il transmet son savoir-faire dans le monde pour redonner une autonomie alimentaire aux plus démunis. En 1985, il crée le premier centre de formation à l’agro-écologie au Burkina Faso. Reconnu comme expert international pour la sécurité alimentaire, il dirige l’association Terre et Humanisme et le mouvement Colibris qui ont pour vocation d’encourager, de valoriser et de relier des solutions pour un mode de vie respectueux de l’homme et de son environnement.

Dans le documentaire, il explique comment les sols d’Afrique sont stérilisés par le rayonnement solaire, car aucune bactérie n’arrive à survivre. Le compost agit comme un levain bactérien et permet, en remettant en route un processus, de redonner vie à ces terres dévitalisées. En initiant des paysans des régions désertiques du Burkina Faso à l’agro-écologie, Pierre Rabhi leur a permis de vivre et de rester sur leur terre. Au Maroc, le mouvement Terre et Humanisme organise des stages pour montrer aux paysans comment faire du compost, uniquement avec des produits locaux et comment fertiliser leur terre aride.

Réhabiliter les semences oubliées

En Inde, Coline Serreau donne la parole à Vandana Shiva. Physicienne et épistémologue, Vandana Shiva, parfois qualifiée de « José Bové en sari » milite pour la défense de l’agriculture paysanne et biologique face à la politique d’expansion sans limite des multinationales agro-alimentaires.

Elle a fondé Navdanya, une association qui oeuvre poux la conservation de la biodiversité et la protection des droits fermiers. La ferme de Navdanya, banque de semences modèles, a permis à plus de 10 000 fermiers d’Inde, du Pakistan, du Tibet, du Népal et du Bangladesh de redécouvrir l’agriculture « organique ».

Souvent remplis d’espoir malgré les dégâts causés, les propos des spécialistes et des paysans s’enchaînent avec un même message sous-jacent, tels ceux de Claude et Lydia Bourguignon, ingénieurs agronomes qui ont créé leur laboratoire de recherche et d’analyse en microbiologie des sols : « On a développé des méthodes qui permettent de remettre les sols debout et de réinstaller des hommes dans des endroits abandonnés. »

Le documentaire de Coline Serreau redonne de l’espoir, à un moment où l’accent est mis sur les dangers qui menacent l’agriculture et donc la survie de l’homme. Il met en lumière ceux et celles qui cherchent, inventent et expérimentent avec succès des méthodes pour que la terre puisse nourrir les hommes tout en restant vivante. A l’homme de la respecter.

Coline Serreau définit elle-même son objectif dans un entretien à propos de son film : « Mettre en lumière cette universalité des solutions, tout autant que leur simplicité, c’est vraiment le but du film. »



A lire : Pierre Rabhi, La Part du colibri - L’espèce humaine face à son devenir, Éd. de l’Aube, collection Poche, 2009.
www.colibris-lemouvement.org


3e Civ' n°584, avril 2010.

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