[Photo Ornella Binni /Unsplash]

La capacité d’un groupe à réaliser ses objectifs repose essentiellement sur sa cohésion, autrement dit, sur la qualité des liens entre les individus qui le composent. Ce principe s’applique également à l’échelle de la société. C’est la clé pour parvenir à la paix.

Au sens large, la cohésion se définit comme le caractère d’un ensemble dont les parties sont unies et interagissent de façon harmonieuse. Ainsi, la force d’un groupe en cohésion est supérieure à la somme des forces des individualités qui le composent. C’est la synergie1. La cohésion renvoie donc à une approche holistique2 de l’existence qui reconnaît l’importance des liens entre les différentes parties d’un ensemble.

On peut voir ce principe à l’oeuvre dans de nombreux exemples. L’équilibre de notre atmosphère réside dans la synergie des influences des éléments naturels : eau, terre, air... L’agriculture biologique met en avant les liens qui unissent les différentes parties de l’écosystème, permettant des rendements dans la durée tout en respectant la biodiversité. Les recherches en nutrition démontrent que le potentiel santé d’un aliment dépasse la simple somme de ses nutriments. C’est l’action coordonnée de plusieurs de ses éléments qui rend cet aliment bénéfique à notre organisme.

Le lien, c’est la vie

A l’inverse, des parties déconnectées les unes des autres perdent la capacité à maintenir le fonctionnement harmonieux de l'ensemble. En d’autres termes : le lien, c’est la vie. Or, notre société cartésienne3 moderne opte, en de nombreux domaines, pour une approche réductrice qui a tendance à ignorer ce principe d'unité avec l’environnement naturel. C’est pourquoi elle en provoque la destruction progressive : perte de la biodiversité, pollution, déforestation...

Nous observons de nos jours une prise de conscience grandissante de l’idée que notre planète est un tout qui permet à la vie de se manifester et de se maintenir. Nous redécouvrons que son équilibre repose avant tout sur les liens qui unissent ses parties, et que toucher à l'une de ces parties affecte l’ensemble.

Ce qui est vrai à l’échelle de l’écosystème l’est aussi pour les êtres humains. Recréer du lien est l’enjeu fondamental tant pour la planète que pour la paix et la prospérité de la société. Il s'agit de développer des approches holistiques reconnaissant l'importance des interconnexions dans tous les domaines - à travers le dialogue, la coopération, la solidarité.

L’unité de but

Le bouddhisme met l’accent sur les liens qui existent entre les phénomènes, à travers une chaîne de causalité ininterrompue. Même l’être humain ne peut exister qu’en interrelation avec les autres formes de vie. Notre existence n’est que temporaire et le fruit d’interrelations diverses et variées.

Dans cet ordre d'idées, Nichiren Daishonin a constamment encouragé ses disciples à l'unité. C'est le principe bouddhique appelé “différents par le corps, un en esprit” (jap.: itai doshin). Il écrit notamment :

« Tous les disciples de Nichiren, moines et laïcs, devraient réciter Nam-myoho-renge-kyo avec la conscience d’être “différents par le corps, un en esprit”, en transcendant toute différence entre eux jusqu’à devenir aussi inséparables que les poissons et l’eau dans laquelle ils nagent. »4

Ainsi, il les exhorte à dépasser les différences. Cela ne signifie en aucun cas mettre son individualité de côté, mais plutôt harmoniser les individualités vers un but commun : kosen rufu5, à savoir propager le respect du caractère sacré de la vie dans la société.

Perdre de vue la réalité de l’interdépendance nous rend sujet à l’égoïsme et à son lot de pulsions destructrices, telles l’envie, la jalousie et la cupidité. En l’absence de cohésion chacun agit pour son propre intérêt, pouvant entraîner conflit et souffrance. Quand chacun préserve son pré carré, la guerre n’est plus très loin.

Le monde a besoin de la coopération entre personnes de bonne volonté, capables de dépasser les clivages et les différences d'opinions dans l'intérêt d'avancer ensemble vers un but commun. Le mouvement Soka représente un tel réseau de personnes qui, chacune par sa propre révolution humaine, développe sa compassion pour devenir heureuse et contribuer à la paix dans la société.


Cet articles est adapté de La cohésion : une force dans tous les domaines, paru dans Valeurs humaines n°112, février 2020, p. 18-19.
Valeurs humaines est le mensuel des associations Soka du bouddhisme de Nichiren. Abonnement / Achat au numéro


Notes

  • 1. Phénomène par lequel plusieurs facteurs agissant en commun créent un effet global. Il y a donc l’idée d’une coopération créative.
  • 2. Du grec ancien hólos signifiant “entier”. L’holisme se définit donc globalement par la pensée qui tend à expliquer un phénomène comme étant un ensemble indivisible, la simple somme de ses parties ne suffisant pas à le définir.
  • 3. Le cartésianisme est un courant philosophique qui se réclame des principes et des thèses de la pensée de René Descartes (1596-1650), qui a notamment systématisé la pensée réductionniste.
  • 4. L’héritage de la loi ultime de la vie et de la mort, Écrits, 218.
  • 5. Le terme japonais kosen rufu désigne un concept souvent utilisé comme synonyme de paix mondiale. Il se définit comme “la paix dans la société par le bonheur individuel”. L’expression elle-même apparaît dans le 23e chapitre du Sûtra du Lotus. Pour plus d'explications, voir ici.
  • 6. Différents par le corps, un en esprit, Écrits, 622.
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