![[Photo gabriel xu /Unsplash]](/images/stories/humanisme/gabriel-xu-LzjBzMbAVJE-unsplash-g.jpg)
À l’heure où la science révèle avec toujours plus de précision l’extraordinaire fonctionnement du vivant, le bouddhisme de Nichiren offre un écho spirituel saisissant à ces découvertes. A travers sa beauté, son ingéniosité, sa force, la Nature nous parle et nous transmet des messages universels sur la vie et sur nous-mêmes…
1. Quand le naturel revient au galop : une force de régénération inarrêtable
On la pensait terrassée, domestiquée, contenue dans des réserves, reléguée au rang de fond d’écran. Et pourtant, il suffit d’un rien – un immeuble abandonné, une route délaissée – pour que la Nature sauvage se glisse entre les fissures et renaisse.
![Tchernobyl, Ukraine, 2019. [Yasemin Atalay /Unsplash CC]](/images/stories/humanisme/yasemin-atalay-y6Tr4hsOD5w-unsplash.jpg)
• A l’image, par exemple, de la zone d’exclusion de Tchernobyl. Même si les taux importants de radiation suite à la catastrophe, il y a presque 40 ans, ont lourdement impacté la faune et la flore sauvages, les populations dans leur ensemble ont rapidement récupéré, du fait de l’absence de pressions humaines (chasse, agriculture, sylviculture). Aujourd’hui, la Nature a repris ses droits, et on voit réapparaître de nombreuses espèces absentes de la région depuis bien avant l’accident – notamment des grands prédateurs : ours bruns, bisons, loups et lynx.
• Autre exemple, la forêt de la zone démilitarisée entre les deux Corées. Cette bande de terre longue de 250 km et large de 4 a été abandonnée par les humains depuis les années 1950, à cause du conflit coréen. Si bien qu’aujourd’hui, ce no man's land est devenu un sanctuaire involontaire de biodiversité, abritant des espèces rares comme la grue du Japon, le léopard de l’Amour ou l’ours noir d’Asie.
• Le “réensauvagement” est désormais une stratégie délibérée, et souvent fructueuse, en matière d’environnement et de biodiversité. Il s’agit simplement de laisser des zones naturelles évoluer sans intervention. Citons par exemple le domaine sauvage de Knepp dans le sud de l’Angleterre, l’un des premiers projets de réensauvagement de terres auparavant consacrées à l'agriculture intensive ; la forêt de la Massane, dans les Pyrénées-Orientales, en libre évolution depuis 150 ans ; ou encore, le projet de renaturation des étangs et marais de Camargue, sur le site des anciens salins : en laissant les étangs fonctionner librement, 300 hectares de végétation sont réapparus, favorisant d’autant la biodiversité.
Ces exemples nous montrent à quel point la Nature est résiliente, persistante, et va sans cesse de l’avant. Même lorsque tout semble être détruit, la vie renaît toujours !
Et si, nous aussi, possédions cette même force de régénération ? C’est ce qu’enseigne le bouddhisme de Nichiren : les êtres humains, à l’instar de la Nature, sont tous fondamentalement dotés d’une force vitale illimitée. Cette dernière est activée par la récitation de Nam-myoho-renge-kyo, et elle se manifeste alors par une grande combativité et persévérance face aux défis. Nichiren Daishonin écrit :
Myo signifie revivre, c’est-à-dire revenir à la vie.
Nichiren, Le Daimoku du Sûtra du Lotus, Ecrits, p. 147
Ainsi, cette pratique simple et directe permet à tout un chacun de se régénérer et de rebondir continuellement face aux difficultés, en puisant au fond de soi une vitalité débordante !
2. Frayer de nouvelles voies : le pouvoir de la transformation
Mais la force de la Nature ne s’arrête pas là. Plus encore que de persister, elle sait aussi s’adapter avec créativité face aux situations les plus adverses, et ouvrir sans cesse de nouvelles possibilités là où il n’y en avait pas.
![[Naja Bertolt Jensen /Unsplash CC]](/images/stories/humanisme/naja-bertolt-jensen-BJUoZu0mpt0-unsplash.jpg)
• En 2016, des chercheurs japonais ont découvert Ideonella sakaiensis, une bactérie capable de décomposer le plastique utilisé pour les bouteilles jetables (polyéthylène téréphtalate). Cette nouvelle bactérie, qui a évolué en à peine quelques décennies, a le génie de produire deux enzymes qui dégradent le plastique en ses composants de base, exploitant ainsi un matériau totalement artificiel.
• Autre exemple : certaines espèces de poissons ont appris tolérer des niveaux très bas d’oxygène (hypoxie), grâce à une adaptation récente de leur métabolisme ! Cette transformation leur permet de survivre dans les zones marines dites “mortes” comme celles du Golfe du Mexique, qui manquent d’oxygène à cause de la pollution azotée liée aux engrais agricoles et à la prolifération d’algues.
Ainsi, la Nature ne se contente pas de survivre, elle évolue et crée de nouvelles formes pour surmonter les défis et continuer de s’épanouir.
Dans le bouddhisme de Nichiren aussi, il est question de transformation intérieure – afin de créer des valeurs positives à partir d’une situation adverse. Daisaku Ikeda écrit :
Plus nombreux sont nos problèmes et plus nous pouvons développer notre état de vie en nous fondant sur la foi et en faisant de ces problèmes le combustible de notre bonheur. Nous pouvons tout transformer dans un sens positif, changer le poison en remède.
D. Ikeda, La Sagesse pour créer le bonheur et la paix, vol. 2, partie 1/2, p. 54
3. Une harmonie d’ensemble qui nous unit : la force des liens
Enfin, la Nature tire aussi sa force du fait qu’elle fonctionne comme un tout, grâce à de vastes chaînes d’interdépendances complexes reliant les individus, les espèces, et même les écosystèmes.
![Fourmis Atta, Costa Rica. [Frank Eiffert /Unsplash CC]](/images/stories/humanisme/frank-eiffert-XeGl1xLR8wk-unsplash.jpg)
• Un exemple à petite échelle, celui des fourmis Atta et leurs champignons domestiques. Ces fourmis d’Amérique du Sud coupent des morceaux de feuilles qu’elles ne mangent pas directement. Ces feuilles servent à cultiver un champignon spécifique, qu'elles entretiennent dans des chambres souterraines avec un climat contrôlé (température, humidité, désinfection par des bactéries).
Ce qui est surprenant c’est que ces fourmis ne peuvent se nourrir que de ce champignon spécifique, lequel ne survit pas sans le soin des fourmis ! De plus, des bactéries symbiotiques présentes sur les fourmis les assistent dans leur culture, afin de lutter contre d’autres champignons parasites. Il s’agit là d’un écosystème miniature à trois acteurs extrêmement spécialisés et interdépendants les uns des autres !
• Un autre exemple récemment popularisé, celui de l’intelligence collective des arbres. Les arbres de nos forêts tempérées sont reliés entre eux par un réseau mycorhizien souterrain, surnommé le “Wood Wide Web”.
Des champignons forment des filaments (mycélium) qui connectent les racines de plusieurs arbres. Par ce biais, ces derniers échangent des nutriments et des signaux d’alerte chimique, informant par exemple d’une attaque de parasites. Il s’agit là d’un véritable système de communication et de redistribution des ressources !
• A une plus vaste échelle encore, un phénomène important, appelé les “rivières volantes”, préside au cycle de l’eau atmosphérique. Les forêts – notamment tropicales – produisent de grandes quantités de vapeur d’eau par évapotranspiration. Cette vapeur d’eau s’élève, circule en suivant des “rivières” atmosphériques, puis retombe sous forme de précipitations à des milliers de kilomètres. On sait aujourd’hui que l’eau, le carbone, l’énergie, les nutriments et même l’information (chimique, thermique) circulent grâce à type de maillage global reliant les écosystèmes à travers la planète.
Ces exemples montrent que la Nature ne fonctionne pas comme une addition d’individus ni même d’espèces isolées, mais comme une vaste tapisserie vivante, tissée d’une multitude de relations d’interdépendance.
Le bouddhisme de Nichiren fait aussi jouer cette notion d’interdépendance, à travers le principe de “révolution humaine” : en activant notre état de bouddha inhérent, nous nous tournons naturellement vers les autres, resserrons nos liens, et opérons une transformation intérieure puissante, qui bénéficie alors à soi-même et aux autres dans un même mouvement vertueux. Daisaku Ikeda la définit ainsi :
La révolution humaine correspond à ouvrir grand les yeux pour voir au-delà de nos préoccupations ordinaires, à lutter et à diriger nos actions vers un but plus élevé, plus profond, et plus vaste. (...) Cela signifie adopter volontairement un comportement ancré dans la compassion.
D. Ikeda, La Sagesse pour créer le bonheur et la paix, vol. 2, partie 1/2, p. 16-17
En définitive, en tant que philosophie du caractère sacré de la vie, le bouddhisme de Nichiren ouvre un dialogue profond entre l’humain et la Nature – pour, espérons-le, les réconcilier. Dans cette perspective, notre propre transformation intérieure est le point de départ d’un mouvement capable de régénérer la planète entière.
L’enseignement essentiel du bouddhisme est que la vie du Bouddha réside dans chaque plante, chaque arbre, et même dans la plus infime particule de poussière. Aucune philosophie n’enseigne un respect plus profond de la vie. (...) Une personne qui aime la nature a la capacité de chérir les autres êtres humains, d’embrasser l’idéal de paix, et possède une richesse de caractère qui n’est pas limitée par des considérations égoïstes de profit ou de perte.
D. Ikeda, Dialogues avec la jeunesse, tome 1, Acep 2021, p. 263-264.