Ingénieur agronome d'origine française, bactériologiste, sociologue, écologue, humaniste, René Dubos (1901-1982) a mené sa carrière scientifique aux États-Unis. Celui qui a joué un rôle primordial dans le rôle des antibiotiques s'oriente, à la fin de sa vie, vers l'écologie.
Il sera d'ailleurs l'un des rédacteurs du rapport du premier Sommet de la Terre (Stockholm, 1972), puis du Programme des Nations-Unies pour l'environnement.
“Nous n'avons qu'une Terre”
Docteur en histoire des sciences et en théologie, Jacques Arnould nous présente, dans un petit livre, la pensée de René Dubos. Préfacé par Jean-Marie Pelt1, ce livre nous plonge au cœur de deux éléments indissociables d'un même système, l’homme et la Terre.
Jacques Arnould ouvre le livre parla question du sens des responsabilités. Quand Dubos écrit : « Nous n'avons qu'une Terre »2, en toile de fond, c'est la même question : qu'est-ce que la vie ? Trait d’union entre la biologie et la religion : « J'ai su qu'être simplement vivant est la plus grande bénédiction dont on puisse profiter ».3 Spinoza aurait applaudi !
De ce parcours, ce qui émerge le plus distinctement, c'est une confiance accrue dans nos ressources en tant qu’humain, qui plus est, face aux dangers qui nous menacent. L'exemple des lichens parle de lui-même : cette association de champignons et d'algues « issus d'une symbiose capable d'affronter des milieux extrêmes » où chacun revient a sa nature première, lorsque les circonstances sont de nouveau favorables. L'harmonie dans la diversité, la coexistence par la création... L'auteur et la personnalité qu'il décrit sont des scientifiques qui démontrent que nous avons surtout besoin d’imagination et de capacités à croire...
À la question de la destinée, dans la biologie comme dans la religion, Dubos répond : « On n'est pas ce que l'on naît ! » Nul ne devient humain tout seul.
Sur les traces de l'enthousiasme
Chrétien, Jacques Arnould souligne avec affection que : « Le dieu auquel Dubos consacre sa réflexion est d'abord celui qui se trouve dans l'homme lui-même. Le dieu des poètes et des artistes : (...) celui dont parle Descartes lui-même au début de son Discours sur la méthode, le dieu des auteurs grecs : l'enthousiasme. (...) Et il n'a de cesse de traquer, au sein, de l'humanité, de ses convictions et de ses espoirs, de ses rêves et de ses réalisations, les traces de cet enthousiasme, les traces de ce dieu intérieur, car il est persuadé que, sans lui, sans eux, car ils sont nombreux, l'humanité ne peut espérer poursuivre sa route, son odyssée. »4
En 1973, l'historien Arnold Toynbee avait recommandé au jeune président de la SGI, Daisaku Ikeda, de rencontrer Dubos. Ce qu'il fit quelques mois plus tard. Ils eurent, par la suite, plusieurs entretiens et dialogues féconds. Daisaku Ikeda les évoque régulièrement, notamment dans Pour un nouvel art de vivre5 ou Pour une citoyenneté planétaire6.
Il est des lectures qui conduisent à d’intenses découvertes et à une joie durable. C'est le cas de ce livre.
Par Vincent Pilley. Paru dans Valeurs humaines n°13, novembre 2011, p.20.
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René Dubos fut un acteur important de l'écologie moderne. Il contribua à la rédaction du rapport du premier Sommet de la Terre, en 1972, intitulé Nous n’avons qu’une Terre. C'est à cette occasion qu'il invente cette devise qui sera plus tard un slogan mondialement célèbre.
Notes
- 1. ↑ Jean-Marie Pelt : Botaniste-écologiste, fondateur de l'Institut européen d'écologie.
- 2. ↑ René Dubos, dans un articie posthume publié en 1982 dans United Magazine.
- 3. ↑ Ibid.
- 4. ↑ Jacques Arnould, Choisir l'humain, courtiser la terre. A l'école de René Dubos, Ed. Salvador, p.113.
- 5. ↑ Entretien avec René Simard et Guy Bourgeault, Presses universitaires de Montréal, 2001, p.124.
- 6. ↑ Entretien avec Hazel Henderson, L'Harmattan, 2005, pp.81-82.
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