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Abdurrahman Wahid (1940-2009), plus connu sous le nom affectueux de Gus Dur *, demeure l’une des grandes figures morales et spirituelles de l’Indonésie contemporaine. Président de la République de 1999 à 2001, intellectuel musulman, érudit et défenseur de la démocratie, il a incarné une vision profondément humaniste de l’islam, fondée sur la tolérance, la justice sociale et la dignité humaine.

Né à Jombang, dans l’est de Java, Gus Dur grandit dans une famille éminente au sein de Nahdlatul Ulama, la plus grande organisation musulmane du pays. Son grand-père, Hasyim Asy’ari, fut le fondateur de cette organisation qui prônait un islam enraciné dans la spiritualité soufie et l’adaptation aux cultures locales.

Très tôt, Wahid hérite de cette tradition de piété ouverte et inclusive. Ses études au Caire, à l'Université Al-Azhar, et à Bagdad, puis ses lectures des penseurs occidentaux, enrichissent son horizon. Il découvre que la foi ne doit jamais se réduire à un carcan identitaire, mais doit devenir une force de réconciliation universelle.  

La mystique soufie comme horizon

Son humanisme s’enracine dans la mystique soufie (tasawwuf), qui valorise l’amour, la compassion et l’union avec le divin à travers le service des autres. Pour Gus Dur, la foi n’a de sens que si elle conduit à l’humanité :

Il n'y pas un islam unique, l'islam possède plusieurs visages - un visage humain.
Islamku, islam Anda, islam Kita, traduction libre, 2006.

Il voyait la pluralité religieuse comme une richesse voulue par Dieu. Loin des interprétations exclusives ou littéralistes, son islam se voulait un “un islam amical, non un islam colérique”.  

Un intellectuel engagé

Avant même d’accéder au pouvoir, Gus Dur se fit connaître comme essayiste, journaliste et président de Nahdlatul Ulama (1984-1999). Ses écrits, tels que Dieu n’a pas besoin d’être défendu, insistent sur le fait que la défense de la religion ne justifie jamais la haine ou la violence.

Dans une tribune publiée dans le Wall Street Journal en 2005, il affirmait :

Trop de musulmans ne parviennent pas à comprendre que l’islam enseigne à être indulgent envers les autres et à comprendre leurs systèmes de valeurs, sachant que ceux-ci sont tolérés par l’islam en tant que religion.

 

Un président réformateur et une figure morale

Élu président après la chute de Suharto, il engagea des réformes courageuses : reconnaissance des minorités religieuses, liberté de la presse, limitation du rôle de l’armée. Bien que son mandat ait été interrompu en 2001, son héritage dépasse la sphère politique.

Gus Dur restera dans la mémoire des Indonésiens comme le “père de la démocratie pluraliste”, mais aussi comme le guide spirituel qui a osé dire que la grandeur d’une nation ne réside pas seulement dans sa puissance, mais dans sa capacité à honorer la dignité de chacun.

 

A lire...

Défenseur de la paix et du dialogue interreligieux, Abdurrahman Wahid a cherché à nouer le dialogue avec Daisaku Ikeda afin de jeter un pont entre l'islam et le bouddhisme. L'ancien président indonésien et son épouse, Shinta Nuriyah, ont rencontré M. Ikeda pour la première fois à Tokyo en avril 2002. Cette rencontre s'est déroulée dans un contexte de crise mondiale accrue et de craintes d'un « choc des civilisations » suite aux attentats terroristes du 11 septembre aux États-Unis l'année précédente. Lors de leur première rencontre, M. Ikeda a affirmé : « La religion existe pour le bonheur des gens. Bien que l'on ne puisse pas attendre des religions différentes qu'elles compromettent leurs enseignements respectifs, elles peuvent coopérer au nom de la paix pour toute l'humanité. » Tel était, a-t-il déclaré, le thème principal qu'il souhaitait explorer avec M. Wahid. Par la suite, les deux partenaires ont poursuivi leur dialogue par correspondance. En décembre 2009, alors qu'ils achevaient le projet, M. Wahid est décédé. La Sagesse de la Tolérance a été publié l'année suivante en indonésien.

La sagesse de la tolérance, Abdurrahman Wahid et Daisaku Ikeda, Editions L'Harmattan, 2018. Disponible sur l'e-boutique Acep

 
  • * En Indonésie, beaucoup de théologiens de l'islam reçoivent le titre honorifique de “Gus”. C’est une façon de montrer du respect, mais aussi d’exprimer une proximité affectueuse. Et “Dur” est le diminutif d'Abdurrahman. Ainsi, Gus Dur, “le maître Dur”, est une façon à la fois respectueuse et familière de s’adresser à lui.

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