Bientôt, le mouvement Soka de France inaugurera la Salle de maître et disciple au Centre bouddhique de Chartrettes, afin de permettre à tous les pratiquants de mieux comprendre, perpétuer et toujours approfondir le lien de maître et disciple, ainsi que son importance dans la pratique du bouddhisme de Nichiren.

L’origine et l’esprit des salles de maître et disciple sont parfaitement décrits dans La Nouvelle Révolution humaine (NRH), dont la lecture permet d’aborder cette inauguration historique avec la détermination de s’acquitter de sa dette de gratitude, en tant que disciple victorieux.


PARTIE 1 - Support pour les réunions

Extrait de La Nouvelle Révolution humaine, vol. 23

• Perpétuer le lien de maître et disciple à travers les liens inspirants créés par les trois présidents fondateurs
« J’ai pu rencontrer les nobles enseignements du bouddhisme de Nichiren grâce à M. Toda. Je suis ce que je suis aujourd’hui grâce à lui. Sensei, vous m’avez rendu si heureux… » […]
Shin’ichi avait proposé de bâtir des halls commémoratifs et des salles d’exposition spéciales dans tout le Japon pour y présenter des objets ayant appartenu aux précédents présidents de la Soka Gakkai. Il fit cela parce qu’il était convaincu que voir des souvenirs et d’autres objets liés aux présidents Makiguchi et Toda était indispensable pour encourager les pratiquants à étudier et à hériter de l’esprit des premier et deuxième présidents.
Le temps passant, ceux qui avaient personnellement connu M. Makiguchi et M. Toda disparaissaient eux aussi. Une bonne méthode pour communiquer leurs réalisations et leur esprit consistait à laisser des écrits sur ce sujet. C’est pourquoi, dès qu’il commença à travailler dans l’entreprise de M. Toda et à lui apporter directement son soutien, à l’âge de 21 ans, Shin’ichi nota chaque jour ses nombreux encouragements et enseignements, qui contenaient l’essence de sa philosophie.
[…] Josei Toda était également parvenu à la conclusion que construire des bâtiments permettant de préserver éternellement l’esprit de son maître était aussi nécessaire pour assurer la survie éternelle de la Soka Gakkai.
[…] Shin’ichi eut le sentiment d’avoir touché là l’essence même de la voie de maître et disciple. M. Toda regarda alors solennellement Shin’ichi, comme s’il lui transmettait ses dernières volontés, et il lui dit :
« Dans l’avenir, pour kosen rufu, nous bâtirons des centres culturels et des centres bouddhiques dans tout le Japon. En fait, je suis certain que nous en bâtirons dans le monde entier − voilà ce qu’il faut absolument réaliser. […] »
« La Soka Gakkai n’existe que grâce à l’unité entre maître et disciple et à la préservation de leur lignée. C’est ce qui rend possible le flot éternel de kosen rufu. »
(Daisaku Ikeda, NRH, vol. 23, chap. « Lutte audacieuse », p. 267 à 280.)

• La transmission de l’esprit de maître et disciple par la preuve factuelle
Shin’ichi était convaincu que conserver des souvenirs de son maître et divers éléments liés à sa vie jouerait un rôle important. Juste après la disparition de M. Toda, il s’efforça de tout son cœur de rassembler des objets incarnant l’esprit et la vie de son maître qui fut un grand dirigeant de kosen rufu. En fait, il avait déjà commencé à le faire alors que M. Toda était encore en vie.
[…] En étudiant avec les autres jeunes La Cité éternelle, sous la direction de M. Toda, Shin’ichi se dit en lui-même : « Je veux aussi enregistrer sa voix pour la postérité sur un phonographe ou un autre support. »
Le Jour de l’An 1959, premier Jour de l’An après la disparition de M. Toda, des représentants de ses disciples se rassemblèrent au siège de la Soka Gakkai […] pour écouter un enregistrement de ses cours. C’était une idée de Shin’ichi. Le passage du temps peut diluer l’esprit originel. Au sein de la Soka Gakkai, cela aurait signifié la destruction de kosen rufu. Shin’ichi redoutait que l’esprit de M. Toda ne s’affaiblisse ou ne disparaisse.
La puissance de sa voix transforma l’atmosphère. Tout le monde se tenait assis bien droit comme si le président Toda était effectivement là, et l’on pouvait voir des larmes perler dans les yeux tandis que chacun renouvelait son vœu de lutter avec passion. Comme l’a déclaré le Dr N. Radhakrishnan […] : « [Un maître] œuvre comme un détonateur pour faire exploser le grand pouvoir assoupi en chacun. »1
[…] Shin’ichi ressentit aussi la nécessité de filmer son maître.
À la fin de l’année 1955, M. Toda lui avait dit : « […] Je me suis demandé, compte tenu de nos multiples dépenses, si ce serait vraiment un bon usage de nos finances. »
Shin’ichi […] s’efforça alors une nouvelle fois de convaincre son maître: « Sensei, nous vivons aujourd’hui à l’ère des images filmées. J’espère sincèrement que, pour l’avenir, vous retiendrez cette idée au moins pour les événements majeurs de la Soka Gakkai.
— Je comprends ton point de vue, dit M. Toda. Eh bien, d’accord, je te laisse t’en occuper. »
C’est ainsi que, à partir de 1956, des événements majeurs furent filmés, notamment le rassemblement d’Osaka, ainsi que le festival sportif de la jeunesse au stade Mitsuzawa de Yokohama où le président Toda délivra sa Déclaration pour l’abolition des armes nucléaires, ou encore le rassemblement du 16 mars où il confia l’avenir de kosen rufu. Tout cela fut accompli grâce au profond désir de Shin’ichi de préserver l’image de son maître pour la postérité et de transmettre correctement son esprit.
(Daisaku Ikeda, NRH, vol. 23, chap. «Lutte audacieuse», p. 269 à 272.)


Extrait de La Sagesse pour créer le bonheur et la paix, vol. 3

• L’expérience inspirante de Gandhi et d’un petit garçon : « Diriger par l’exemple »
Vers l’âge de six ou sept ans, Arun2 vivait dans un ashram avec son grand-père. Un de ses amis était un garçon ayant environ le même âge, qui vivait là avec ses parents. Cet ami adorait les bonbons et en mangeait beaucoup – jusqu’au jour où il se mit à avoir des boutons sur tout le corps. Ses parents eurent beau lui répéter d’arrêter de manger des bonbons, il n’en fit qu’à sa tête. Comme il avait toujours plein de sucreries à portée de la main, il lui suffisait d’en prendre quand personne ne le regardait. Inquiète, sa mère alla voir Gandhi pour lui demander d’expliquer à son fils qu’il devait cesser de manger des bonbons. Après l’avoir écouté, Gandhi lui dit : « Revenez dans quinze jours et je parlerai avec lui. »
Perplexe, la mère revint quinze jours plus tard comme il le lui avait demandé. Gandhi prit le garçon à part et lui parla à peine une minute. Ce fut tout, mais étonnamment, à partir de ce jour-là, l’enfant cessa de manger des bonbons. Sa mère n’en revenait pas. « Quelle sorte de miracle Gandhi a-t-il opéré sur mon fils ? » se demanda-t-elle. Quelques jours plus tard, elle posa directement la question à Gandhi. Il lui répondit qu’il ne s’agissait en aucun cas d’un miracle. « Je vous ai demandé de revenir dans quinze jours parce que je devais moi-même arrêter de manger des sucreries avant de pouvoir demander à votre fils d’en faire autant. » C’est là tout ce qu’il avait dit à l’enfant et il avait ensuite ajouté qu’il ne toucherait plus à un seul bonbon jusqu’à ce que l’enfant retrouve la santé et puisse lui aussi recommencer à en manger.
En d’autres termes, Gandhi avait mis en pratique l’adage « Je me lance un défi alors, s’il te plaît, fais-en autant ». Ce fut là le secret du changement de comportement du jeune garçon. Arun Gandhi me fit ensuite remarquer que les responsables et les éducateurs ne sont crédibles que lorsqu’ils donnent eux-mêmes l’exemple. C’était la conviction de Gandhi, dit-il, et c’est ce qui faisait de lui un dirigeant charismatique. Il ajouta que la non-violence est aux racines mêmes de l’éducation ; et que l’éducation consiste à être soi-même un modèle positif pour les autres.
L’essor de la SGI est dû essentiellement au remarquable exemple montré par les responsables, à travers leurs efforts dévoués et constants. […]
(Daisaku Ikeda, La Sagesse pour créer le bonheur et la paix, vol. 3, partie 1 sur 2, p. 207-208.)


PARTIE 2 - Pour approfondir le thème

Extrait de La Nouvelle Révolution humaine, vol. 23

• L’importance de préserver l’esprit pionnier des fondateurs
En 1953, quand le siège de la Soka Gakkai de Tokyo fut transféré du quartier de Nishi-Kanda, […] au quartier de Shinanomachi dans l’arrondissement de Shinjuku, M. Toda choisit une salle beaucoup plus appropriée que son bureau pour honorer M. Makiguchi et il y accrocha une photo de son maître. Il dit à Shin’ichi :
« Là se trouve la vie de M. Makiguchi. Je prends toujours la tête de kosen rufu depuis le siège de notre mouvement, au côté de M. Makiguchi. Comme le dit Nichiren, en citant les paroles du Grand Maître Tiantai : “Puisque la Loi est merveilleuse, la personne qui l’adopte est digne de respect ; puisque la personne est digne de respect, la terre l’est aussi.”3 »
M. Makiguchi donna sa vie pour la Loi de Nam-myoho-renge-kyo. En préservant son esprit, nous pouvons donner toute sa grandeur au siège de la Soka Gakkai. C’est pour cela que nous devons infuser l’esprit de M. Makiguchi, […] faire son éloge, le mettre en avant et le révérer. C’est le point essentiel pour que la Soka Gakkai se développe, en tant qu’organisation de kosen rufu. »
(Daisaku Ikeda, NRH vol. 23, chapitre « Lutte audacieuse », Acep, p. 263 et 264.)

• Se souvenir éternellement de l’histoire de la création de la Soka Gakkai, point de départ vibrant d’une lutte pour bâtir une paix durable au troisième millénaire
Le 18 novembre 1930 parut le premier volume du Soka kyoikugaku taikei (Éducation pour une vie créatrice de valeurs). Le nom de l’éditeur indiqué dans l’ouvrage était la Soka Kyoiku Gakkai (Association pour une éducation créatrice de valeurs, l’ancêtre de la Soka Gakkai). Par ailleurs, M. Toda fit imprimer le titre du livre et le nom de M. Makiguchi en lettres dorées sur la couverture − un autre signe de son dévouement sincère en tant que disciple.
Dans sa préface […], M. Makiguchi exprima sa reconnaissance envers les jeunes qui l’avaient aidé à corriger et relire le manuscrit, et il cita tout particulièrement les contributions significatives de Josei Toda. […]
Le mouvement Soka s’ancra donc dès le début dans la relation de maître et disciple. […] Cette voie trouve sa source dans l’effort accompli par les disciples pour tirer des leçons de l’esprit et de la pratique du maître.
(Daisaku Ikeda, NRH, vol. 23, chap. « Lutte audacieuse », p. 268 et 269.)

• S’acquitter de sa dette de reconnaissance envers son maître : un engagement passionné
À chaque fois que Shin’ichi pensait à M. Toda, il éprouvait un intense sentiment de reconnaissance envers son maître. Cette gratitude se transforma en joie et en détermination de s’acquitter de sa dette envers son maître, soulevant en lui l’engagement passionné d’œuvrer pour kosen rufu.
Comme l’a déclaré le poète et champion de l’indépendance coréenne Han Yongun (1879-1944) : « L’esprit de reconnaissance ! C’est cela aussi la compréhension et le respect, l’épanouissement et la paix ! »4
(Daisaku Ikeda, NRH, vol. 23, chap. « Lutte audacieuse », p. 263.)


Pour aller plus loin...

  • D. Ikeda, La Nouvelle Révolution humaine, vol. 23, chap. « Lutte audacieuse », Acep, 2023, p. 255 et suivantes.
  • D. Ikeda, La Sagesse pour créer le bonheur et la paix, vol. 3, partie 2 sur 2, Acep, 2020, p. 11-129.
  • D. Ikeda, La Sagesse pour créer le bonheur et la paix, vol. 4, Acep, 2021, p. 19-26 et 51-58.

Ce support est à retrouver dans le numéro de Valeurs humaines du mois de mars 2024.

Valeurs humaines est le mensuel des associations Soka du bouddhisme de Nichiren. Abonnement / Achat au numéro


Notes

  • 1. N. Radhakrishnan, Ikeda Sensei: The Triumph of Mentor-Disciple Spirit (Le triomphe de l’esprit de maître et disciple), New Delhi, Gandhi Media Centre, 1998, p. 44.
  • 2. Il s’agit de M. Arun Gandhi (1934-2023), petit-fils du Mahatma Gandhi. Il est cofondateur de l’institut M. K. Gandhi pour la non-violence, aux États-Unis.
  • 3. La personne et la Loi, Écrits, 1104.
  • 4. Traduit du coréen. Han Yongun, Choson chongnyon ege koham : Manhae Han Yongun orok (Conseils à la jeunesse coréenne : Citations de Han Yongun), édité par Kim Sanghyon, Séoul, Si wa Sihaksa, 1997, p. 147.
 
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