En septembre, les forums jeunesse aborderont la question du genre, à la lumière des valeurs humaines universelles que prône la philosophie bouddhique.

Extrait 1. Se réjouir du caractère unique de chacun

La bienveillance du Bouddha est totalement impartiale, et n’exerce aucune forme de discrimination. Pour le Bouddha, tous les êtres sont comme ses enfants, et il s’efforce d’élever leur état de vie au même niveau que le sien, c’est-à-dire jusqu’à la bouddhéité. Cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de différence entre les gens, mais que le Bouddha ne fait pas de discrimination entre eux. En fait, le Bouddha reconnaît pleinement toutes les différences. Il respecte l’individualité de chacun et souhaite que chacun puisse exprimer à l’infini ce qui le rend unique. Les différences entre les gens ne justifient pas le fait d’en favoriser certains et d’en détester d’autres. [...]
L’humanisme, c’est-à-dire la philosophie tournée vers les autres, du Sûtra du Lotus consiste essentiellement à chérir chaque individu.
(D. Ikeda, La Sagesse pour créer le bonheur et la paix, vol. 3, partie 1/2, Acep, p. 106-107.)


Extrait 2. Dépasser clivages et différences

Les bodhisattvas surgis de la Terre ont le pouvoir de transcender toutes les différences entre les gens afin de les aider à connaître le bonheur grâce à la force fondamentale qu’ils possèdent en eux, en tant qu’êtres humains. [...]
La discrimination est absolument inacceptable. C’est un acte avilissant qui nuit tant à soi-même qu’aux autres. Les caractères distinctifs, tels que l’origine géographique et l’ethnie, ne représentent pas la véritable essence de notre humanité. Ils sont illusoires, tel un mirage. [...] Accorder trop d’importance à de telles définitions de l’identité peut exacerber nos différences et faire le jeu des oppositions et des conflits. Il nous faut changer maintenant notre façon de concevoir notre existence en tant qu’êtres humains. Quand ce changement aura lieu, tout changera. [...]
Nous devons prendre conscience que nous ne sommes ni impuissants, ni de simples amas de matière physique, ni esclaves de nos gènes. Nous devons nous éveiller au fait que nous sommes bien plus que cela, que nous possédons en nous un potentiel immense et illimité. Les êtres humains ne font qu’un avec l’univers, et le pouvoir que chacun de nous possède équivaut au pouvoir de l’univers entier – tel est le message du Sûtra du Lotus.
(D. Ikeda, La Sagesse pour créer le bonheur et la paix, vol. 3, partie 1/2, Acep, p. 45-46.)


Extrait 3. L’essentiel est que tous soient heureux

La question clé est de savoir si ces différences sont génétiques ou acquises. Sont-elles innées, universelles, communes à tous les humains de toutes les époques et de toutes les sociétés ? Ou sont-elles acquises au cours de la vie, formées par la culture et les traditions ? Il est extrêmement difficile de trancher, en la matière. J’espère que des recherches futures feront la lumière sur ce point.
En attendant, une psychologue américaine fait remarquer, dans l’un de ses ouvrages, que les hommes sont poussés dès l’enfance à prendre des risques et à affronter le danger, tandis que les femmes sont encouragées, elles, à rechercher la sécurité. Elle écrit : « Si une fille recherche le danger, on la traite de garçon manqué. Même le psychologue autrichien Alfred Adler (1870-1937) dit qu’une fille qui grimpe aux arbres veut imiter les garçons. Il ne lui vient même pas à l’esprit que les filles pourraient, elles aussi, prendre plaisir à grimper aux arbres. Et il ne réalise pas non plus que, en recherchant le danger, comme le font les garçons, les filles peuvent développer leur autonomie. »
Il est un fait que nos images de la masculinité ou de la féminité sont profondément influencées par des traditions culturelles très anciennes. Cette influence se fait sentir dans tous les aspects de la morale sociale, y compris le langage, la religion, les systèmes d’organisation, d’éducation et d’apprentissage. La chose importante, selon moi, n’est pas que la société impose un modèle de comportement spécifiquement masculin ou féminin, mais plutôt que les gens – d’abord et avant tout – s’efforcent de vivre humainement, en permettant aux autres de faire de même.
Le bouddhisme a également proposé diverses explications des rôles des hommes et des femmes. Mais elles reflètent naturellement les conditions sociales de l’époque à laquelle elles ont été formulées. On ne peut pas leur conférer de valeur universelle. L’essentiel est que les femmes aussi bien que les hommes deviennent heureux en tant qu’êtres humains. L’objectif est de devenir heureux, tout le reste n’est qu’un moyen.
À chaque fois que l’on établit, pour les uns et pour les autres, des règles de conduite, même si ces règles semblent raisonnables et fondées, de quelle utilité peuvent-elles bien être si leur application rend les gens malheureux ? Et il n’est ni souhaitable ni possible qu’un seul sexe soit heureux, au détriment de l’autre . […]
Du point de vue de l’éternité de la vie, les distinctions entre hommes et femmes ne sont pas immuables. Nous pouvons naître sous une forme masculine dans une vie, et sous une forme féminine dans une autre. De plus, tous les êtres humains possèdent des aspects à la fois masculins et féminins. [...] Dans toutes les sociétés, certaines qualités seront recherchées chez les hommes et chez les femmes en fonction de critères sociaux. Et plus les gens s’efforcent de coller étroitement à ces stéréotypes, plus ils risquent d’étouffer en eux d’autres qualités existantes. Que l’on veuille se plier aux normes culturelles est, en un certain sens, inévitable. Mais ne serait-il pas préférable qu’hommes et femmes, prenant conscience du processus de catégorisation sexiste, s’efforcent d’apprendre les uns des autres, afin d’enrichir leur personnalité ?
(D. Ikeda, La Sagesse du Sûtra du Lotus, vol. 1, Acep 2014, p. 547-548 et 549-550.)


Ressources supplémentaires

Des valeurs humaines universelles

— D. Ikeda. Une nouvelle base spirituelle est nécessaire, liée en profondeur aux systèmes de valeurs sur lesquels s’appuient les individus. Les valeurs humaines ne doivent jamais être limitées, ne jamais être tournées vers la seule satisfaction des objectifs d’individus, de groupes, de races, de nations ou d’idéologies. Les valeurs humaines doivent être universelles. Par le passé, des valeurs limitées ont mené à des tragédies. [...]
La question relative au genre de vie que doivent mener les êtres humains ne peut se régler uniquement par des lieux communs de conventions sociales et du simple bon sens. Cela est vrai, parce que l’homme lui-même ne se limite pas au cadre d’une seule société ni d’un seul pays, mais fait partie d’une chaîne qui relie l’humanité, les phénomènes naturels de la planète entière et le cosmos. Cela revient à dire que l’homme fait partie, mais n’est qu’une partie, de l’univers.
(D. Ikeda et A. Toynbee, Choisis la vie, L'Harmattan, p. 146.)


Pour aller plus loin...

  • La Sagesse pour créer le bonheur et la paix, vol.3, partie 1/2 :
    • Chapitre 19 : “La mission et le voeu des bodhisattvas sortis de la terre”, p. 41
    • Chapitre 21 : “Accorder la plus grande valeur à chaque individu”, p. 103
  • La Sagesse du Sûtra du Lotus, vol. 1, chapitre 20 : “L’illumination de la fille du Roi-dragon est une déclaration solennelle de l’égalité des hommes et des femmes”, p. 525
  • Dialogue avec la jeunesse, tome 2, p. 279 (sur les violences faites aux femmes)
  • Pour une citoyenneté planétaire, p. 161 (générer de nouvelles valeurs, de nouveaux rôles)

Ce support est à retrouver dans le numéro de Valeurs humaines du mois de septembre 2023.

Valeurs humaines est le mensuel des associations Soka du bouddhisme de Nichiren. Abonnement / Achat au numéro

 
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